Le 24 avril 2025, la Cour suprême de Californie a rendu une décision importante (New England Country Foods, LLC v. VanLaw Food Products, Inc.) qui impacte directement les contrats de gestion hôtelière (Hotel Management Agreements – HMAs). Source JMBM Global Hospitality Group.
⚖️ Principale décision
La Cour a confirmé qu’il est interdit de limiter contractuellement la responsabilité pour des actes fautifs intentionnels, y compris pour des violations du devoir fiduciaire (devoir de loyauté, de transparence, de diligence) — même entre parties commerciales expérimentées.
🏨 Conséquences pour les hôtels (propriétaires & gestionnaires)
🔹 Le devoir fiduciaire du gestionnaire hôtelier
Même si le contrat tente d’exclure ou limiter certaines responsabilités, le droit impose d’office au gestionnaire hôtelier un devoir fiduciaire envers le propriétaire, notamment parce qu’il :
- Gère l’actif et les finances du propriétaire
- Représente le propriétaire auprès de tiers
- Exerce un pouvoir discrétionnaire sur l’exploitation de l’hôtel
🔹 Les clauses types invalidées
Exemple de clause souvent utilisée :
« Le gestionnaire ne sera en aucun cas responsable des dommages indirects, spéciaux, consécutifs ou punitifs, même s’il a été averti de la possibilité de tels dommages. »
➡️ Ce type de clause devient inapplicable si le gestionnaire est accusé de :
- Conflit d’intérêts / auto-enrichissement
- Gestion de mauvaise foi ou manipulation des chiffres pour obtenir des bonus
- Dissimulations ou mensonges volontaires
- Désobéissance systématique aux directives du propriétaire
🔹 Double lecture juridique
- Simple mauvaise exécution → limitations de responsabilité contractuelle applicables
- Faute grave ou intentionnelle / manquement fiduciaire → la limitation devient nulle → dommages-intérêts complets, voire punitifs
⚖️ Recommandations pratiques
Pour les propriétaires | Pour les gestionnaires |
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Plaider des manquements fiduciaires pour élargir les recours | Contester que les faits relèvent uniquement du contrat pour garder la clause |
Exiger une clause d’exception explicite pour fautes intentionnelles | Revoir les contrats pour intégrer des garde-fous et procédures internes |
Anticiper les litiges avec une stratégie basée sur la tort law | Se préparer à des risques plus élevés en cas de mauvaise conduite avérée |
🌎 Portée nationale (USA)
La décision californienne est en ligne avec les juridictions suivantes :
- New York : invalidation des clauses limitant la responsabilité pour actes intentionnels
- Colorado, Nebraska, Géorgie : refus d’appliquer des limitations en cas de négligence grave, fraude ou faute volontaire
➡️ Tendance générale : impossible de se protéger contractuellement contre les fautes graves ou volontaires.
✅ Conclusion
Les propriétaires hôteliers disposent désormais d’une meilleure base légale pour contester les clauses limitatives de responsabilité en cas de faute grave d’un gestionnaire.
Les sociétés de gestion doivent repenser leurs contrats et stratégies contentieuses : une mauvaise gestion intentionnelle ne peut plus être couverte par de simples clauses contractuelles, même entre professionnels aguerris.