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Longtemps, l’industrie touristique a fait taire les critiques et autres voix contestant le modèle de développement territorial qu’elle imposait aux élus et populations locales, grâce au nombre d’emplois non délocalisables créé. Peu importe la précarité des dits-emplois ! Au nom de ces retombées économiques réelles, la plupart des élus défendaient corps et âme les projets d’implantation de complexes de loisirs ou équipements d’hébergement. Problème : les conditions d’embauche et de travail proposées dans le secteur lui reviennent, depuis quelques mois, à la façon d’un boomerang.

« Plus qu’une vague de précarité chez les anciens salariés laissés sur le carreau lors des premiers confinements, la crise sanitaire a provoqué une fuite des salariés ! Hormis les passionnés, ceux qui travaillaient dans l’industrie touristique par facilité ou parce qu’ils n’avaient pas véritablement le choix ne reviendront à priori pas y exercer… » observe l’adjoint au maire (EELV) de Strasbourg en charge du tourisme durable, Joël Steffen. Plus de 200 000 postes vacants étaient recensés dans le secteur en France, au printemps 2022, par le commissaire européen au marché intérieur, Thierry Breton.

Des élus en proie au doute. De la côte languedocienne aux stations de ski alpines en passant par le littoral breton, les décideurs publics locaux sont de plus en plus nombreux à s’interroger ouvertement sur les impensés sociaux de ce modèle de développement territorial excessivement dépendant des activités récréatives et touristiques. Conseiller régional (PS) de Nouvelle-Aquitaine originaire d’Itxassou dans le Pays Basque, Bixente Etcheçaharreta est l’un d’eux. Celui qui s’était fait connaître en créant la fédération « Des territoires aux grandes écoles » ne connaît que trop bien les effets pervers de ce type d’économies résidentielles auprès de la jeunesse locale, incitée à rester sur place plutôt que partir étudier puis cantonnée pour la suite de leurs carrières à ces filières. La profusion d’emplois saisonniers peu qualifiés, peu rémunérés, souvent à temps partiel et avec peu de perspectives de formation et d’avancement, trouve en effet toutes ses limites dans ces territoires touristiques attractifs dans lesquels le coût du logement a flambé ces dernières années.

Résultat : de plus en plus de collectivités ne se contentent plus seulement de participer à loger les étudiants et travailleurs saisonniers (aides au logement, mise à disposition de logements) pour maximiser les chances de réussite de la saison touristique. A côté des réponses énumérées par le « Plan de reconquête et de transformation touristiques » ainsi que les plateformes présidentielles de diverses associations d’élus, certaines ambitionnent d’accompagner les acteurs socio-professionnels de la filière sur les aspects de formation (notamment en langues étrangères) et de recrutement pour renforcer leur attractivité.

Un « sas d’intégration » à valoriser malgré tout. « Il y a clairement un sujet d’amélioration des plannings aliénants, des rémunérations, du management aussi. Les solutions aux problèmes actuels de recrutement sont entre les mains des différents employeurs ! Si le secteur procède aux efforts nécessaires, nous, collectivités, pourrions l’aider en contrepartie à valoriser quelques-uns de ses atouts. Notamment le fait de pouvoir grimper les échelons y compris lorsque vous n’avez pas ou peu de diplômes, ou bien encore de se former en travaillant », imagine l’élu strasbourgeois, M. Steffen. Pleinement conscient qu’« il s’agit de métiers difficiles, bien sûr », il y voit tout de même quelques avantages en effet : « ça peut représenter un sas d’intégration efficace vers la vie active, pour des jeunes faiblement qualifiés, aux parcours de vie accidentés, ou en reconversion ».

Il n’est pas le seul à tenir ce type de discours. Confrontée aux « limites » de sa stratégie actuelle de développement économique, consistant à reconvertir d’anciennes friches industrielles en « zones d’immobilier tertiaire à destination de grands groupes n’embauchant qu’à la marge la population locale », Plaine Commune cherche à renforcer son attractivité touristique. « On veut rendre le territoire agréable pour ceux qui y vivent, bien sûr, mais aussi créer des emplois durables, non-délocalisables, sur lesquels les jeunes polyglottes du territoire pourront davantage postuler » explique la conseillère municipale de Saint-Denis, Leyla Temel. (…) Lire la suite sur Le Courrier des Maires

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