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Entretien | Mouldi Attia, de l’hôtellerie au quartier d’affaires de La Défense !

Après avoir participé à l'ouverture de Disneyland Paris en qualité de Food and Beverage Manager, avoir été Directeur France et Benelux pour le groupe hôtelier espagnol Hotusa•Eurostars puis Directeur Général pour plusieurs établissements hôteliers de 4 et 5 étoiles dont Villazo Paris, le Domaine de Crécy, c'est en 2012 que Mouldi Attia (Master IEA Paris 1988 • Master 2 Vatel Paris 1996) a osé sauter le pas !

Mouldi Attia

Osé le grand saut car il y a 10 ans, les passages de l’hôtellerie vers le secteur de l’immobilier de bureaux étaient rares. La gestion de ces tours était alors l’apanage exclusif des « facility managers » délégués par les grands groupes de services immobiliers.

En devenant en 2012 « Hospitality & Facilities Manager » du groupe Ardagh  et ce, pour les quatre derniers étages de la Tour Cristal en front de Seine, il va découvrir une réalité : celle d’un métier proche de celui d’hôtelier mais transposé dans un secteur relativement éloigné.

Je retrouve, à l’entrée de la Tour CBX, le même Mouldi Attia que j’avais croisé pour la dernière fois du côté de Roissy Charles de Gaulle, il supervisait alors un complexe hôtelier. Accueillant, discret et toujours souriant. Le costume a laissé place à la tenue décontractée qu’ont adoptée , en guise d’uniforme, les ultras diplômés du monde des startups et du conseil. Autres temps, autres mœurs !

 

Bonjour Mouldi, content de vous revoir après plusieurs années. Pourquoi avoir quitté l’hôtellerie en 2012 ?

Avant de répondre à votre question, je tiens à préciser j’ai effectivement quitté un secteur mais pas mon métier.  J’ai ainsi élargi mon spectre d’hôtelier et développé de nouvelles compétences ! 

C’est à dire ?

Mon métier d’hôtelier je continue à le pratiquer mais dans un environnement sectoriel différent. Cependant pour revenir à votre question, c’est un chasseur de tête mandaté par Ardagh, géant mondial de l’emballage et de l’embouteillage  qui m’avait contacté à un moment où je doutais quant à mon avenir « hôtelier » après avoir dirigé deux établissements cédés, tour à tour, à des fonds d’investissement !  La proposition telle que décrite par le consultant était non seulement intéressante au niveau économique mais, professionnellement, le descriptif correspondait à celui d’un Directeur des Conférences et Séminaires pour partie et d’un Directeur des Opérations pour l’autre. En un mot, je retrouvais dans la proposition deux composantes essentielles de mon métier de base, deux activités que j’aimais.  Pour ce poste, j’ai donc rencontré directement Niall Wall CEO d’Ardagh, multinationale réalisant près de  8 milliards d’euros de chiffre d’affaires. Après l’entretien, je n’ai pas hésité une seconde : j’étais parti pour une aventure qui allait durer 5 années !

Votre travail chez Ardagh consistait en quoi ?

En qualité d’ « Hospitality & Facilities Manager », je gérais les services support et toutes les opérations sur un site de 4000 m2 d’espaces de bureaux, de salles de réunions et de réception avec plus de 6.500 visiteurs par an.

Entre l’organisation des séminaires internes et externes pour l’ensemble des filiales du Groupe, la réalisation d’événements spéciaux, la gestion des vols et de l’hébergement des collaborateurs, les missions étaient non seulement variées et enrichissantes tant les demandes pouvaient être complexes. J’ai ainsi créé un véritable service accueil, supervisé  la gestion des espaces de réunion et de restauration, le room service, créé une conciergerie qui était en permanence à l’écoute des dirigeants internationaux du Groupe  (une révolution à l’époque pour le Groupe). Cinq années de passion qui se sont achevées avec le transfert du siège à Londres !

Depuis 2018, vous êtes « Head of Real Estate & Hospitality » pour la société de conseil mondialement connue BearingPoint, historiquement issue du rapprochement des activités conseil de KPMG et de l’activité Business Consulting d’Arthur Andersen…

Là encore, c’est une aventure incroyable ! J’ai été embauché par BearingPoint quelques mois avant son installation dans la tour CBX de La Défense. J’ai ainsi eu la chance de participer activement au réaménagement des 5200 m2 sur 4 étages avec l’équipe Real Estate emmenée par Olivier Chappert (partner) et à la supervision du suivi des travaux réalisés par Nexity (Contractant Général) et Studios (Cabinet d’architectes).

Aujourd’hui, je gère les projets transverses, le dialogue avec les différents services opérationnels et les leaders d’équipes pour les prises de décisions.

En charge de la gestion des biens immobiliers, des travaux et du Space Management, des achats connexes, des appels d’offres, des budgets, de l’expérience client, du bien-être des collaborateurs, du management des équipes internes et des prestataires et la conduite des projets complexes, je gère en hôtelier (avec les codes hôteliers et le  souci du détail) l’ensemble des espaces de travail et de détente.

 

Quels sont vos objectifs chez BearingPoint?

En tant que Head of Real Estate & Hospitality, les objectifs qui me sont assignés sont principalement l’amélioration des conditions de travail des collaborateurs, de la communication, de la performance collective par l’ergonomie, le bien-être et l’expérience client.

La mise en place du « flex office » sur les 5200 m2 a donné naissance à des zones de travail hybrides intégrant des services annexes , lieux de socialisation permettant une mixité des usages dans les espaces. Au sortir de la pandémie, synonyme pour beaucoup d’isolement, l’entreprise est devenue, de facto, vecteur essentiel pour reconstruire le lien social mais plus encore, un outil de management et de gestion des ressources humaines. L’immobilier est ainsi un atout formidable pour attirer ou retenir les talents, dans un contexte où les enjeux de recrutement sont très forts pour les entreprises qui sont en pleine croissance.

 

Mais quel est votre quotidien ?

Le cœur de mon métier étant de m’assurer du bien-être des collaborateurs, au quotidien je supervise les services accueil, la propreté et l’hygiène, la maintenance et la sécurité des espaces de travail, les espaces de détente, les salles de réunions, les espaces de « corpo-working », les salles formations, les salles projets, les événements internes … la liste serait trop longue à énumérer !

En permanence,  je participe à la transformation des espaces, devant sans cesse anticiper les évolutions nécessaires à la réalisation et à la gestion du « bureau de demain » !

Je participe donc aux ateliers de transformation des espaces de travail avec les associés spécialistes de l’activité Real Estate, en lien étroit avec les recommandations et arbitrages du COMEX. Une fois les actions transformatrices validées, je prends en charge leur mise en œuvre opérationnelle :  planification, budgétisation et suivi des travaux, consultation des prestataires pour le choix du mobilier ainsi que le suivi des chantiers jusqu’à leur terme. Bien évidemment, je suis toujours consulté, en amont, quant aux ateliers de transformations des espaces de travail et les aménagements/déménagements.

 

Il semblerait que la RSE soit au cœur de vos priorités ? Quels sont les enjeux actuels ?

Pour BearingPoint, accompagner la transition vers la mobilité verte et encourager la mobilité douce sont essentiels. Ainsi, je travaille actuellement sur le déploiement de bornes électriques, la simplification de l’utilisation des vélos à assistance électriques, le recours aux services de taxi et VTC électriques et/ou propres… Le prisme écologique est nécessaire pour chaque projet, c’est même une priorité dans mes décisions et actions.

 

Pour votre Métier, votre passé hôtelier est-il un prérequis ?

Je pense sincèrement qu’un passé hôtelier est essentiel pour être efficace dans un tel contexte.

Si le sens du service, la discrétion, l’envie de faire plaisir, le souci de l’image et du détail sont des qualités essentielles, la force de l’hôtelier est avant tout relationnelle : un bon hôtelier possède la capacité à communiquer avec un nombre d’interlocuteurs importants et aux origines variées. Finalement, une tour est une ville verticale où se côtoient, notamment dans un contexte international, de nombreuses nationalités et cultures. Dans ce village international et exigeant, l’hôtelier excelle.

Bien évidemment, dans un contexte aussi « techno », il va de soi que l’intérêt pour les nouvelles technologies de communication ou autres innovations est un impératif !

Comment voyez-vous l’évolution de votre Métier ?

Mon poste actuel regroupe les fonctions de gestionnaire immobilier et de prestataire de services-facility manager, devant proposer aux collaborateurs un lieu unique et « sur-mesure » où ils aiment se retrouver,  échanger et donc, entretenir la  culture d’entreprise.

De facto, ma position est stratégique en matière de relations, de conditions de travail et d’environnement.

Ainsi au niveau environnemental, nous avons opté pour un fournisseur d’électricité proposant au minimum 10% d’énergies renouvelables… Notre objectif est de dépasser rapidement les 50 %.  Nous avons également mis en place dans nos bureaux le tri avec l’apport volontaire.  Cette démarche s’accompagne de  » Keys Indicator Performances » mis en place par une société partenaire Tri-o Greenwiches.

Ce ne sont que quelques exemples sur plusieurs initiatives menées par l’entreprise pour réduire notre empreinte carbone et plus globalement, nous inscrire pleinement dans une démarche RSE.

Le télétravail doit être une parenthèse de l’entreprise socialisante et non l’inverse !

La pandémie a été, il faut l’avouer un accélérateur quant aux solutions collaboratives et à la digitalisation des activités. Cependant, le télétravail ne peut devenir la règle car l’échange, la communication interpersonnelle in situ sont des facteurs essentiels de partage, de collaboration et de facto, créateurs de valeur pour une entreprise. Le lieu de travail doit générer de l’envie, du désir et ne doit plus être un « mal nécessaire ». C’est donc la relation entre le collaborateur et le travail qui est au centre de nos réflexions. Toutes les métaphores ou paraboles négatives pour évoquer le lieu de travail comme « boîte » ou « chagrin » doivent laisser place à un vocabulaire positif entre envie et partage.

Avec le digital, l’entreprise devient lieu de socialisation par excellence. Les espaces qui feront la différence seront éco-responsables et durables, éthiques, encourageant la créativité !

Merci Mouldi et à très vite !