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Privés de clients la nuit, les hôtels tentent d’en trouver de nouveaux pour remplir leur chambre toute la journée… en les transformant en bureau. Plutôt que de se laisser terrasser par l’arrêt des voyages, certains hôteliers préfèrent se diversifier en surfant sur la vague du télétravail et du coworking.

Établissements de grands groupes (Accor, Best Western, Hyatt) et indépendants proposent de venir travailler chez eux. Déstabilisés par des taux d’occupation très bas, ils cherchent à rentabiliser leurs espaces. Depuis septembre, Best Western France commercialise MYWO dans une petite dizaine d’hôtels, où il est possible de travailler pour le prix d’un café dans le lobby ou à la carte (à partir de 5 euros de l’heure) dans un espace lounge ou une salle de séminaire. «L’idée est de commercialiser nos espaces de coworking, comme nos chambres, en ligne, explique Olivier Cohn, directeur général de Best Western France. Depuis un an, nous étudions le marché et ses modèles économiques. Nous avons l’immobilier et les services. Mais nous n’avions pas d’offre, alors que la demande est là.» S’adressant d’abord aux travailleurs en déplacement, MYWO devrait être disponible dans 50 hôtels d’ici à la fin de l’année. «En 2021, nous ciblerons aussi les entreprises, avec des abonnements au mois», ajoute le dirigeant.

Haytt a lancé Workation (contraction de work et vacation) dans quelques hôtels, pour commencer son week-end avant l’heure, en travaillant dès le vendredi dans sa chambre.

Moins cher et plus flexible

«Beaucoup de gens ne supportent plus de travailler de chez eux, insiste Sophie Berdah, propriétaire du Citizen Hotel (12 chambres), à Paris sur le canal Saint-Martin. Depuis mi-septembre, elle ouvre ses chambres au coworking, pour 50 euros la demi-journée et 80 euros la journée. «Financièrement, ce n’est acceptable que si vous partagez la chambre à deux ou trois, précise-t-elle. Je prospecte auprès des entreprises du quartier. Elles ont des bureaux, mais beaucoup sont fermés. En un mois, j’ai loué mes chambres l’équivalent de dix journées.»

C’est une tendance de fond, qui va monter en puissance sur les cinq prochaines années

Vanguelis Panayotis, président de MKG Group

Accor commercialise depuis août les chambres de 250 hôtels en Grande-Bretagne, à la journée. La formule arrive en France. Les chambres n’ont pas été réaménagées: en plus du bureau et du Wifi, on peut toujours faire une sieste ou regarder la télé…

Un boulevard s’ouvre aux hôteliers. Le télétravail prend de l’ampleur et, avec la crise, les entreprises réduisent leurs frais. Elles cherchent des solutions moins chères et plus flexibles. Jusqu’alors, la place était occupée par des WeWork et autre Spaces, en plus de petits cafés de coworking. Il y a une place à prendre, à condition que les entreprises acceptent l’idée que l’hôtel est un lieu de travail comme un autre.

«C’est une tendance de fond, qui va monter en puissance sur les cinq prochaines années, pense Vanguelis Panayotis, président de MKG Group. Les grands groupes hôteliers cherchent tous à mettre en place une offre structurée.»

Dès 2017, Accor a misé sur le coworking avec Bouygues Immobilier, mais dans des bureaux classiques. Associés dans WoJo, les deux partenaires ont décliné leur offre aux hôtels en 2019: il y en a désormais 300 en France où travailler pour 9,90 euros par mois, dans les espaces d’accueil (lobby, bars…). «Nos hôtels offrent l’accueil et les services (wifi, restauration, fitness center), souligne Stéphane Bensimon, PDG de WoJo. À la différence de Starbucks, vous pouvez prévenir de votre arrivée.» Il estime que le coworking réduit le coût par poste de 30% par rapport à un bail classique.

La crise accélère le changement: pourquoi ne pas privatiser sur une longue période des salles de réunion et des chambres aménagées en open space? À Marseille, trois chambres d’un hôtel Accor ont été transformées en bureau pour un an afin d’accueillir les dix collaborateurs d’une TPE. À Bordeaux, une salle de réunion est réservée deux jours par semaine par une même entreprise, pendant un an. «À terme, on peut imaginer transformer des étages entiers en bureaux», lance Stéphane Bensimon.

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