En 2015, l’arrivée à marche forcée du chinois Fosun, facilitée, en coulisse*, par certains dirigeants (alors en délicatesse avec l’actionnaire italien de l’époque Bonomi qui leur reprochait leur manque de résultats), avait été fêtée sous les meilleurs auspices par le dirigeant emblématique du groupe, Henri Giscard d’Estaing.
(*)La victoire de Fosun, conseillé par la Société générale, est aussi celle d’Henri Giscard d’Estaing, le PDG du Club Med, qui s’est allié à cette offre chinoise qui conforte sa stratégie de montée en gamme du Club Med, menée depuis dix ans. Source Le Figaro, 04/01/2015
9 ans après, en est-on au baiser de la mort quand il s’agit d’évoquer la situation ? Il semblerait que oui.
Surendetté, le conglomérat chinois fait feu de tout bois pour amorcer son désendettement : entre rumeurs de cession (on parlait il y a peu du rachat partiel par la famille Mauss du voyagiste mais le montant demandé par Fosun semblait « hors réalité » pour les potentiels acquéreurs : 30 % du capital du Club Med pour 600 millions d’euros soit un x3 pour Fosun en 8 ans !) et « rapatriement » de la trésorerie, Fosun met en place un nouvel organigramme à la tête du Club.
En décembre 2023, Fosun publiait un communiqué (cliquez ici) annonçant la fin de certains mandats d’Henri Giscard d’Estaing au sein du groupe ( démission de ses mandats d’administrateur exécutif, vice-président du Conseil, membre du comité stratégique du Conseil -le » Comité stratégique « -, membre du comité environnemental, social et de gouvernance du Conseil -le » Comité ESG « -) avec effet au 22 décembre 2023.
Concomitamment était désigné au sein dudit Comité ESG, un homme de confiance de Fosun, le quadragénaire Choi Yin, jusque là patron de CLUB MED HOLDING (0 salarié • 24,2 millions de résultat net en 2023).
Si jusque là, tout semblait se maintenir tant bien que mal, la machine s’est récemment emballée avec la « démission » fin mai du Directeur général adjoint en charge des finances, du développement et des relations internationales du Club Med (le véritable maître des horloges aux yeux de l’actionnaire chinois), Michel Wolfovski.
Ce fut « la goutte de trop » pour Henri Giscard d’Estaing qui est récemment sorti de sa réserve et s’est fendu mi-juillet, selon le média La Lettre, d’un communiqué offensif à l’encontre de son actionnaire, scellant certainement son avenir à la tête du groupe compte tenu de l’extrême sensibilité chinoise à l’égard de propos ou positions rendus publics !
« Dans un courriel adressé le 16 juillet aux salariés de l’entreprise, le président du Club Med réprouve le départ de son numéro deux, Michel Wolfovski. Il en impute la responsabilité aux représentants de Fosun, majoritaires au conseil d’administration du voyagiste français. » Source La Lettre du 9 août 2024.
Certains observateurs évoquent l’isolement d’Henri Giscard d’Estaing : avec la famille Mauss, l’actuel dirigeant du Club souhaitait certainement rééditer « le coup de 2015 » et assurer ainsi son maintien à la tête du voyagiste…
Dans les prochains mois, on peut s’attendre à un certain nombre de changements, entre cession et nominations. À moins que…