De nombreux hôtels ont été contraints soit d’adopter un rythme saisonnier (6 mois en moyenne par an) soit de repenser leur offre ou leurs moyens.
Ainsi, certains investisseurs ont opté pour le développement de leur offre thalassothérapie (quand ils disposaient d’une offre thalasso quasi-médicalisée), attirant une nouvelle clientèle « hors saison », d’autres ont réduit drastiquement leur masse salariale optant pour un schéma classique entre noyau réduit de personnel à l’année, solde de l’intégralité des CP et autres fériés en hiver, annualisation du temps de travail et recours aux saisonniers à partir d’avril/mai.
Dans quelques établissements bretons ou vendéens ne bénéficiant ni du segment « Affaires/Mice » ni d’une clientèle « midweek » liée à sa proximité d’une grande capitale économique, le choix a été fait de moduler à l’extrême « le pricing » (au coût de revient chambre) au risque de remettre en cause l’image luxe du produit.
Dernière tendance enfin, certains investisseurs et propriétaires ont adopté l’hybridation de l’hôtel se concentrant exclusivement sur les chambres et confiant à des acteurs extérieurs (qui deviennent ainsi locataires) la restauration, les espaces séminaires transformés en coworking ou espaces de soins et santé et ajoutant au sein même de l’établissement, une offre « appartement » de type condominium.
Mais, il faut l’avouer, la recette miracle n’existe pas : un tissu économique local d’importance conditionne souvent la pérennité « à l’année » des établissements.
Échangeant avec le dirigeant d’un établissement breton qui préfère garder l’anonymat, la réponse de ce dernier est plus qu’éclairante : « La vraie difficulté, pour nous hôteliers, est le décalage qui peut exister entre la vision hôtelière du propriétaire et la réalité. Ici, nous avons toujours défendu la saisonnalité du complexe car il nous semblait évident qu’avec 90% de clientèle « loisirs » et 80% du CA réalisé sur 4 mois, l’ouverture à l’année était une erreur pour un établissement de notre taille nécessitant plus de 80 personnes à l’année. Aujourd’hui, nous avons atteint le breakeven après des années de pertes mais le renchérissement des tarifs de l’énergie risque de fragiliser le modèle que nous avons patiemment construit, à coups de contrôles drastiques du payroll, d’une commercialisation digitale forcenée et d’un pricing au cordeau. Mais quand un propriétaire, privé ou public, exige que son établissement soit ouvert à l’année, notre travail devient avant tout pédagogique et s’inscrit sur la durée. Malheureusement, bien souvent, nous n’avons ni le temps ni l’occasion de faire entendre notre position. Alors, on compose. »
Dernièrement, le Groupe Hyatt qui opère l’Hôtel du Palais a diffusé sur un site spécialisé une offre d’emploi concernant le poste de Directeur Général de cet établissement (on peut donc subodorer le peu d’attractivité que cet établissement mythique suscite pour l’important vivier des dirigeants « maison », souvent excellents hôteliers). « Du pain sur la planche » pour le groupe de l’Illinois.