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Nous avons testé le Wework Paris XIII

Entrer dans « le plus grand coworking d’Europe » de Wework c’est l’impression d’être dans son époque. Les invités sont conviés à un « special desk » où ils déclinent leur identité tout en se faisant « capturer » le portrait. Une fois l’invitation saisie, l’entreprise invitante reçoit un SMS/mail ou popup l’informant de l’arrivée dans l’espace Accueil de son rendez-vous.

La sécurité ouvre le portillon design et vous voilà face à un desk avec 3 membres de l’équipe Wework  tous issus du monde de… l’Hôtellerie (Four Seasons, Radisson pour deux d’entre eux).

Vous découvrez alors un « espace public », véritable lobby-atrium proposant café, thé, eau gazeuse ou plate… à volonté. De plus un barista est à votre disposition si vous souhaitez un véritable expresso.

Au même niveau, une station de reprographie partagée avec tout le nécessaire à l’impression (agrafeuses, surligneurs, post-it…) !

À chaque niveau, des collecteurs de piles et batteries usagées, des incitations au recyclage…

Le coeur du système « Wework » est votre carte « pass » qui vous permet d’avoir accès aux espaces publics du lieu, de vous installer ,  d’imprimer en NB ou en couleur et d’accéder à votre compte. Vous pouvez bien sûr commander un plat en utilisant le partenariat avec une startup proposant des frigos connectés…

Sur les 5 niveaux accessibles (3 sont réservés à une grande institution française), l’équipement est le même : fontaines à eau (chaude ou réfrigérée) plate ou gazeuse, 7 variétés de Thé, des machines à cafés en accès libre vous proposant expresso, macchiato, des réfrigérateurs vitrés réservés aux membres apportant leurs propres repas, des microondes, vaisselles et couverts disponibles… et des espaces « toilettes » d’une propreté indiscutable et  proposant un « rince bouche mentholé ».  Régulièrement, un membre de l’équipe « entretien lieux publics » arborant un Teeshirt de la marque vient nettoyer les espaces ouverts « restauration » , lancer les « lave-vaisselles » ultra-silencieux, le tout en totale discrétion. Pour les toilettes, là aussi la mécanique est bien huilée : des rondes permanentes maintiennent cet espace dans un état d’une propreté impeccable. Les ascenseurs vitrés  vous permettant d’accéder aux niveaux supérieurs sont au nombre de 4 (vous n’attendez jamais) et le toit-terrasse avec une vue Tour Eiffel et Montagne Sainte-Geneviève est agrémenté de mobilier design avec l’inévitable…babyfoot d’extérieur..

En 2021, nous avions testé le « télétravail » dans un établissement nouvellement ouvert proche de la gare de Lyon.

L’approche du télétravailleur dans cet établissement était plus que surprenante : paiement d’un « forfait Wifi », pas d’imprimantes, d’agrafeuses ou stylos à disposition, une installation dans des lieux publics pas forcément bien entretenus et une offre restauration dramatiquement négligée. Et pourtant, dans la plupart des établissements hôteliers « lifestyle », on met en avant ce nouveau monde digital et  l’accueil des télétravailleurs nomades, jeunes et startupers !

Télétravailleurs ou simples consommateurs connectés ?

Ainsi, avons-nous récemment interrogé dans un établissement parisien du Sentier à Paris et résolument « lifestyle », une douzaine d’internautes pris la main sur le portable (ou communiquant en visio avec, pour certains d’entre eux, une ring light) dans l’espace bar. Résultat : sur 12 personnes questionnées, 11 s’adonnaient à une activité non professionnelle. Sur ces 12 personnes, 8 étaient installées depuis plus de 2 heures et toutes avaient consommé entre 1 ou 2 produits « Bar » (majoritairement café et bière pression)?

Alors, peut-on parler véritablement de télétravailleurs et de coworking dans les hôtels ou est-ce simplement une approche marketing permettant de faire vivre des espaces publics sans gains économiques réels ? Simple image ou réalité économique ?

Car soyons honnêtes, dans la plupart des établissements hôteliers, le coworking n’est pas une réalité. En effet, on a plutôt l’impression de se retrouver dans un Café Internet des années 2010 !

Car pour juger de la réalité du coworking, rien ne vaut de vivre l’expérience au sein d’un établissement de la marque de référence du Coworking (voir notre encadré).

Et là, la réalité saute aux yeux ! Soit la plupart des hôteliers n’ont jamais pratiqué le coworking soit c’est une question de moyens !

Le coworking dans les hôtels : une approche parcellaire

Bien sûr, dans certains groupes, le coworking est appréhendé comme un véritable produit et s’inspire totalement de l’esprit des pionniers du coworking. À ce propos, saluons le produit myWO décliné par Best Western et qui est proposé sur un site internet entièrement dédié.  Cependant, son offre est similaire à  celle d’un Anticafe. Accor, surfant sur la tendance, a développé en partenariat avec Bouygues,une offre Wojo.

Dans les hôtels « hybrides » de dernière génération, le coworking n’offre que rarement des services équivalents car le modèle original de  coworking, pour être à l’équilibre, nécessite un flux permanent, des « abonnés permanents » et ne souffre pas l’improvisation en matière d’outils technologiques pour fidéliser son public.  De plus, il est essentiel que l’établissement soit implanté dans une zone à forte densité « business » !

Le coworking tel que  décliné dans la plupart des hôtels est plutôt une évolution des « business centers » des années 2000 !

L’accès internet, les photocopies à la demande, la restauration dans les points de vente de l’hôtel ne constituent pas véritablement un produit à part entière mais plutôt une évolution de l’offre.

Le mot-valise « bleisure » est l’illustration d’une approche transitoire

Les mots-valises utilisés dans notre secteur prouvent bien souvent que la réalité de ces nouveaux produits (on pense également au staycation, autre mot-valise) ou segments n’est pas simple à appréhender. On utilise l’existant et les moyens dont on dispose pour créer de toute pièce une nouvelle offre. Le télétravailleur nomade (idéalement jeune et startuper si l’on réfère aux illustrations des sites web) se voit donc intégrer dans le néo-segment « bleisure » (business & leisure) mais souvent « le bricolage est la règle » comme le souligne un directeur d’hôtel 3*.

Leur idée (i.e. l’idée des groupes hôteliers), comme le rappelle Challenges dans son édition du 24 octobre 2022 ? « Proposer aux travailleurs nomades de profiter de l’infrastructure de leurs établissements (réseaux wifi de bonne qualité, restauration et accueil de premier choix…).

Il s’agit aussi pour eux de ne pas perdre leur clientèle d’affaires, si nécessaire, mais qui a pris goût au nomadisme.(…)

Du coup, aujourd’hui, selon la plateforme professionnelle de gestion Amadeus, 15% des hôteliers mondiaux proposent des forfaits « bleisure » (business & leisure) ou « work, stay, play » aux particuliers.(…) »

L’identité de marque se substitue à la culture d’entreprise

Questionnant plusieurs entrepreneurs au sein d’un établissement Wework  (voir encadré), tous mettent en avant la qualité des outils, les services (parking vélo sécurisé, espace recharge pour véhicule électrique…), le fait de côtoyer d’autres entrepreneurs-créateurs, les animations fédératrices hebdomadaires permettant aux membres d’échanger, de se rencontrer ainsi que la mixité des utilisateurs de l’espace (mixité sociale, résidents permanents ou non, jeunes et moins jeunes, startupers issus des grandes écoles, stagiaires d’entreprise, consultants…).

Mais la différence fondamentale entre le coworking version « hôtellerie » et le coworking original est l’identité de marque. Le télétravailleur, l’entrepreneur individuel ou la TPE s’identifient à la culture de l’entreprise « coworking » et aux images qu’elle véhicule (nouvelle technologie, jeunesse, startups, modernité…..). Ainsi, la culture de l’entreprise de  coworking renforcée par un intense marketing par l’objet (entre mugs personnalisé, tee-shirts floqués, adhésifs à la gloire de la marque…)  se substitue à la culture d’entreprise défaillante ou inexistante du télétravailleur indépendant.  Et c’est bien là, la différence : le coworking « d’origine » surfe sur le besoin d’appartenance, de référence et d’identité du  créateur d’entreprise, de la startup là où les hôtels, bien souvent « eco ou midscales »,  ne font que prolonger et densifier l’offre  à destination de leur cible « business » souvent constituée de cadres d’entreprise salariés !

 

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