Il est des parcours qui ne relèvent pas du hasard, mais d’un appel. Pour Catherine Besse, l’hôtellerie n’a pas été un choix empreint de raison, mais plutôt un un coup de foudre professionnel. Elle avait 23 ans, un rendez-vous au pied de la tour Eiffel, et l’intuition immédiate que cet univers alors encore confidentiel, fait de rythme, d’humanité et de regards croisés, deviendrait sa maison.
« Je ne l’ai pas choisi, ce métier s’est imposé à moi. »
✨ La Croisette, l’étincelle d’une vocation. Quand tout part du coeur.

Après ses débuts au Hilton Paris Tour Eiffel (alors adresse incontournable avec son bar point de ralliement de personnalités comme Gainsbourg ou Dutronc et son restaurant « américain »), c’est au Noga Hilton de Cannes, aujourd’hui JW Cannes, sous l’impulsion de Jean-Claude Noël et du regretté Jean Welti, que son destin d’hôtelière va s’éclaircir et s’ancrer durablement. L’hôtel n’était encore qu’un chantier. Et pourtant, Catherine y projette déjà une certaine vision de l’hôtellerie.
« Ces mentors ont vu en moi ce que je ne voyais pas encore. Leur confiance m’a donné des ailes », confie-t-elle.

Ensemble, ils bâtissent bien plus qu’un hôtel : une culture d’entreprise. « Nous étions comme une famille, unis par le même désir de créer quelque chose d’exceptionnel sur la Croisette. »
Au coeur du département « banquets » du « Noga« , elle va rythmer et accompagner les événements internationaux les plus prestigieux, du Festival du film à Tax Free ou GSM en passant par le MIPIM ou le MIDEM se créant alors de solides amitiés professionnelles dans tous les secteurs. Le Noga Hilton de Cannes fut une aventure collective unique car les liens humains furent renforcés par les difficultés que rencontra l’hôtel, aux premières années de sa création et ce, au gré des vicissitudes de la famille Gaon (alors propriétaire) et des critiques des inconsolables de l’ancien Palais des Festivals.
Encore aujourd’hui, ce moment fondateur et unique constitue le socle de son ADN professionnel : passion, exigence, camaraderie et esprit d’équipe Et un goût définitif pour les projets à fort impact émotionnel.
Après l’intensité de l’ouverture du Noga Hilton Cannes, vint le temps des départs au sein de « l’opening team ».
L’aventure du Club Concorde La Fayette
Ainsi, après Cannes, retour à Paris pour Catherine. Et pas n’importe où. Elle s’engage alors au « La Fayette« , navire amiral du groupe Concorde, alors propriété de la famille Taittinger. Supervisant le 30e étage, elle transforme son credo — une hospitalité sur-mesure et haute couture — en réalité tangible. Chaque client devient un projet. Chaque détail, un enjeu. Pour satisfaire les exigences de ses client.es à la recherche d’un havre de paix quasi-familial, son approche hyper-personnalisée va faire des merveilles, taux de fidélisation à l’appui. Dans un univers où le staff turnover est souvent un écueil majeur pour stabiliser la qualité de la prestation, la reconnaissance du client et la connaissance de ses moindres habitudes, la permanence de Catherine et de son équipe ont permis d’ancrer, dans le temps, le Club, véritable hôtel dans l’hôtel.

C’est à cette époque qu’elle va croiser un autre grand nom de l’hôtellerie : « Jean-Marc de Margerie a été un autre mentor précieux. En me faisant grandir par les responsabilités qu’il me confia, il m’a permis de prendre confiance et d’atteindre mon rêve : devenir directrice d’hôtel ! »
Pendant près de deux décennies, elle va « tout connaître » dans cet hôtel qui a vu passer tant de grands noms de l’hôtellerie française entre les années 80 et 2000 : le rachat opportuniste durant l’été 2005 par Barry Sternlicht et son fonds Starwood Capital et surtout, sa cession en 2013 à des investisseurs qataris opérant sous la holding « Constellation Hotels Holdings« .
Autre temps, autres mœurs : la standardisation devient la règle dans le « gros porteur » !
Quand l’individu s’efface devant le collectif…
Avec l’arrivée d’Hyatt, à l’hyper-personnalisation et à l’intuition heureuse, fruit de décennies d’expériences hôtelières partagées au sein de l’hôtel, succède le pragmatisme « U.S. » porté par l’efficacité d’une distribution optimisée.
Le client ne vit plus une relation, il navigue dans une expérience orchestrée par le CRM, le digital, le design. Un virage stratégique, mais aussi culturel.
La normalisation est en marche. L’individu s’efface devant le collectif, le remplissage optimisé est en route. L’expérience client n’est plus l’unique fruit d’une relation privilégiée mais désormais, elle se nourrit au gré du digital, du CRM et du design.
Ce dernier rachat par la holding Constellation verra d’autres hôtels emblématiques du Groupe ( Hôtel du Louvre Paris, Le Martinez à Cannes et le Palais de la Méditerranée à Nice ) passer sous l’enseigne américaine. Épilogue d’une certaine vision de l’hôtellerie française.
Désormais membre du collectif « Hyatt Regency Paris Étoile« , Catherine supervisera les opérations clientèle, pilotera des projets qualité, managera les équipes avec rigueur et bienveillance.
Et quand viendra le temps, inéluctable, du départ, c’est vers la Riviera qu’elle se tournera : à Antibes, puis à Nice, où elle prend successivement la tête de l’hôtel Le Grand Pavois à Antibes Juan-les-Pins, du Beau Rivage (pour une mission de transition ), et enfin de l’Aston La Scala (Hôtels 3A Collection) où elle officie aujourd’hui.
L’art du leadership humaniste
Si son parcours professionnel est parsemé d’hôtels emblématiques, de chiffres éloquents et de projets réussis, son discours, lui, parle d’âmes. Catherine Besse continue d’incarner une forme de leadership profondément humain. Si elle connaît le prénom de ses collaborateurs, ce n’est pas après avoir lu « le petit guide du manager hôtelier » mais tout simplement parce que « s’intéresser aux autres, aimer les gens sont les fondamentaux de notre métier ».
Prendre le temps du bonjour du matin et du au revoir du soir, ce n’est pas un simple artifice, c’est un élément fondateur dans la gestion d’une équipe et surtout une mine de renseignements pour un manager.
« C’est à ces moments-là que l’on perçoit ce qui ne se dit pas au travers du cadre des très formels ‘department heads meetings’ , Catherine Besse
Elle forme, encadre, inspire. Et surtout, elle protège ses équipes face à une clientèle de plus en plus exigeante, parfois déroutante. « Aujourd’hui, il faut l’avouer, l’agressivité s’est invitée dans l’expérience client. Il faut du mental, de la préparation au conflit, de l’écoute. »
Sa devise ? « La non-réclamation ne prejuge pas de la satisfaction client »
Leadership humaniste
Dans un secteur en pleine mutation, elle observe avec lucidité les tensions entre technologie et relation humaine. Si le progrès est inéluctable, le secteur se doit de maintenir cet équilibre subtil entre technologie et humain.
« L’hôtellerie de demain devra préserver l’essentiel : l’empathie, l’attention, le regard. C’est ce que les clients recherchent. Et cela ne se code pas. »
Elle plaide pour une hospitalité vivante, engagée, sensible, en phase avec les attentes sociales et environnementales actuelles.
Elle est entrée dans l’hôtellerie sur un coup de cœur. Elle en sortira, un jour, comme une référence.
Si Catherine, plutôt discrète par nature, n’a jamais mis en avant son rôle, ses réalisations et n’a jamais goûté « la mise en avant personnelle », c’est par amitié qu’elle a répondu à nos questions. Ce qu’elle aime par dessus-tout c’est transmettre, inspirer et donner à d’autres le goût du métier. La reconnaissance de ses collaborateurs, les souvenirs d’hier toujours partagés avec ses anciens clients ou collègues devenus amis, voilà ses plus belles récompenses.
« C’est en allant au bout de ses rêves qu’on devient soi-même. »
Son parcours en est la preuve : avec élégance, passion, travail, générosité et de grands mentors ou inspirateurs, les rêves d’une jeune femme de 23 ans peuvent devenir une réalité. Elle est aujourd’hui une figure respectée de l’hôtellerie française.
À la mémoire de mes parents, Catherine Besse