La grande démission (the Great Resignation) est un phénomène bien réel qui déferle comme une lame de fond sur un marché de l’emploi traditionnellement tendu.
Alors que la pérennité économique des entreprises a été en grande partie préservée grâce à des mesures sans précédent de la part des États lors de la crise sanitaire, la demande est repartie quasiment à l’identique.
Dans l’intervalle, les nombreux travailleurs contraints au chômage ont eu le temps de réfléchir à leurs priorités. Plus d’1 million de postes vacants, c’est en tout cas un record depuis 2002 et que l’ONS, l’Office national des statistiques britannique, en fait le décompte.
Les employeurs ont dû mettre la main à la poche lors de la période des fêtes pour attirer les travailleurs qui lui faisaient cruellement défaut – bonus de 500 livres pour le site de course en ligne Ocado, 2 000 livres chez Amazon pour les travailleurs saisonniers.
Et quand ce ne fut pas possible, c’est le personnel de bureau comme chez Marks & Spencer qui a mis la main à la pâte, pour préparer les commandes en ligne. Rien d’étonnant donc à croiser des rayons de supermarché vides à Londres, des files d’attente aux stations-services qui s’allongent. Et les autres secteurs de l’économie ne sont pas en reste. La Confederation of British Industry (CBI) relevait, dans une récente enquête, la crainte chez de nombreuses entreprises que les chaînes de production ne soient mises à mal par le manque de main d’oeuvre qualifiée. Tomas Maunier, propriétaire de cinq restaurants à Londres, a vu le nombre d’employés européens dans ses établissements chuter considérablement, de 77% à 30%. L’effet couplé du Brexit et de la pandémie a de toute évidence exacerbé la pénurie de travailleurs : les visas de travail délivrés depuis le Brexit concernent une main d’oeuvre qualifiée dont le salaire annuel doit dépasser 26 000 livres. Le transport routier dans le même temps s’est vu délester de 12 000 chauffeurs européens alors que les examens du permis de conduire avaient été suspendus pendant les deux confinements. En un mot comme en cent, le taux d’emploi n’a pas retrouvé le niveau qui était le sien avant la pandémie. Pour lutter contre la Grande Démission, les employeurs n’ont souvent d’autres choix que de relever le niveau des salaires. (…) Lire la suite sur En-contact