Même si les conclusions ne font que constater l’extrême minorité de comportements délictueux, le rapport de recherche « Les discriminations ne prennent pas de vacances : un état des lieux dans l’hébergement de loisir » (Sept.2024) » des trois chercheurs du CNRS est un véritable électrochoc pour la profession (sur la méthodologie, consulter l’encadré).
Le nom comme facteur discriminant ?
Ainsi, le test a couvert trois types d’établissements de loisir (campings, chambres d’hôtes et hôtels) équi-répartis entre trois régions (la Bretagne, les Pays de Loire et la Provence-Alpes-Côte d’Azur). 52 établissements de chaque catégorie ont été testés dans chaque région, soit 156 établissement par région et autant par type d’établissement. À partir de cet échantillonnage (pour rappel la France compte 16.850 établissements d’hôtels de tourisme et 7.432 campings), la conclusion de l’enquête ne fait pas dans la nuance: il existe une réelle discrimination dans certains hôtels et campings. Cette discrimination porterait, non pas sur l’adresse d’origine du client, mais sur son patronyme !
« L’étude montre qu’une adresse en Seine-Saint-Denis est sans effet sur les chances de succès d’une demande de réservation, pour un client d’origine française tout autant que pour un client d’origine africaine »Les discriminations ne prennent pas de vacances : un état des lieux dans l’hébergement de loisir » (Sept.2024)
Méthodologie employée
Pour parvenir à cette conclusion, trois chercheurs [1] ont envoyé en mai et juin 2024 des demandes fictives pour une réservation en août. Chacun des 468 établissements touristiques testés a reçu trois demandes similaires. Similaires ? Pas tout à fait. Le nom et l’adresse du client étaient différents afin de tester d’éventuelles discriminations envers les personnes portant un nom d’origine africaine d’une part, et envers les habitants de Seine-Saint-Denis, d’autre part. Les réponses ont ensuite été comparées à celles d’un « client de référence » qui porte un nom d’origine française et ne mentionne pas son adresse.
Selon le résumé publié par « L’Observatoire des Inégalités« , si l’adresse d’origine du « candidat touriste » n’est plus un facteur discriminant, l’origine africaine présumée de ce dernier l’est : » (…) Mais face aux professionnels du tourisme, le constat est amer : une partie significative des hôtels et des campings ont apporté une réponse défavorable au client qui porte un nom africain, mais une réponse favorable au client au nom français. La discrimination est encore plus fréquente lorsque le prix de la nuitée dépasse 118 euros et dans les hôtels trois étoiles. Les chercheurs concluent à une « pénalité de grande ampleur […] d’autant plus forte que la position de gamme du lieu d’hébergement est élevée ». Source Observatoire des Inégalités
Airbnb, un modèle à suivre ?
Taux de réponses positives selon l’origine | |||
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Nom et prénom d’origine française | Nom et prénom d’origine africaine | Écart brut | |
Campings, hôtels et chambres d’hôte (hors Airbnb) | 63,1 | 49,7 | -13,3 |
Airbnb | 49,1 | 49,1 | 0,0 |
Ensemble | 59,8 | 49,6 | -10,3 |