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Questions posées à Philippe Roy | « Le coût des (moyens de-) paiements, fatalité ou facilité ? »

Dans un secteur où chaque point de marge compte, le coût des paiements reste un fardeau souvent sous-estimé par les hôteliers. Frais bancaires, nouvelles technologies, réglementation… Philippe Roy, fondateur de Red Yucca, décrypte le vrai coût des paiements dans l’hôtellerie et nous éclaire sur les leviers à activer pour reprendre le contrôle et optimiser cette dépense incontournable.

Philippe Roy, fondateur de Red-Yucca.com
Philippe Roy, fondateur de Red-Yucca.com
Red Yucca
Le coûts des paiements, fatalité ou facilité ?  LTH a interrogé le spécialiste  Philippe Roy, fondateur de Red-Yucca.com

La Tribune de l’Hôtellerie : Philippe Roy, merci de nous accorder cet entretien. Vous soulevez une question cruciale dans le secteur hôtelier : pourquoi le coût des paiements est-il si élevé pour les hôtels ?

Philippe Roy : Merci à vous. Effectivement, les paiements sont souvent perçus comme une formalité, alors qu’ils représentent un coût important et parfois sous-estimé pour les hôteliers. Chaque transaction par carte bancaire implique bien plus que de simples frais de traitement. En réalité, les hôtels financent, « de leur poche », en partie les avantages des cartes de crédit, comme le cashback et les programmes de fidélité, qui sont très prisés des clients.

Ensuite, il faut savoir que le marché des paiements est largement dominé par quelques acteurs puissants. C’est un oligopole où les hôtels n’ont que peu de marge de manœuvre pour négocier des tarifs plus avantageux. Récemment, le gouvernement américain a même intenté un procès contre Visa pour des pratiques anticoncurrentielles, ce qui montre bien les tensions sur ce marché.

La Tribune de l’Hôtellerie : Vous évoquez aussi l’évolution rapide des technologies de paiement. Comment cela impacte-t-il les hôtels ?

Philippe Roy : Le secteur des paiements connaît une transformation majeure. Les QR codes, les paiements instantanés, les portefeuilles mobiles comme Alipay ou WeChat Pay deviennent incontournables. Ces solutions ne sont plus réservées à une niche technophile ; elles redéfinissent les attentes des voyageurs internationaux.

Les hôtels doivent se poser la question : acceptons-nous les moyens de paiement privilégiés par nos clients étrangers ? Sommes-nous prêts à investir dans ces technologies sans pour autant alourdir nos coûts ? Il est essentiel d’adopter une approche stratégique, en équilibrant expérience client et maîtrise des dépenses.

La Tribune de l’Hôtellerie : La réglementation autour des paiements est également un enjeu complexe. Que doivent savoir les hôteliers à ce sujet ?

Philippe Roy : La réglementation évolue sans cesse. En Europe, après la DSP2, la DSP3 est en préparation, ce qui va encore modifier les règles du jeu. Mais ce n’est pas qu’un phénomène européen : chaque pays, des États-Unis à l’Australie en passant par la Turquie, impose ses propres règles.

Cette complexité peut sembler contraignante, mais elle peut aussi être une opportunité. En comprenant bien ces évolutions, les hôtels peuvent renégocier certains frais avec leurs prestataires et optimiser leurs coûts. Il est donc essentiel de s’appuyer sur des experts « cost killers » capables de naviguer dans ce paysage réglementaire.

La Tribune de l’Hôtellerie : Finalement, quel message souhaitez-vous adresser aux hôteliers ?

Philippe Roy : Ne subissez plus le coût des paiements. Il existe des leviers pour optimiser cette dépense et améliorer votre rentabilité. Négociez mieux avec vos prestataires, adaptez vos moyens de paiement à vos marchés cibles et tirez parti des nouvelles réglementations.

La Tribune de l’Hôtellerie : Merci infiniment Philippe pour le temps que vous avez bien voulu nous consacrer. Nous invitons nos lecteurs à consulter votre site pour plus d’informations red-yucca.com