Le Luxe ne se décrète pas
À Paris, dans le très sélect 7ᵉ arrondissement, le Sax Paris – dernier-né des hôtels de luxe de la capitale – semblait avoir tout pour réussir : une adresse d’exception, une signature internationale avec LXR Hotels & Resorts (Hilton), une ambition affichée par laCompagnie de Phalsbourg. Mais à peine inauguré, l’établissement connaît déjà sa première crise de gouvernance.
Selon plusieurs sources concordantes, Guillaume Bourniquel, récemment nommé Directeur Général, aurait quitté ses fonctions le week-end dernier, moins d’un mois après l’ouverture officielle. Une séparation aussi rapide qu’inattendue.
Ce départ soulève une question de fond : l’hôtellerie est-elle entrée dans une ère d’instabilité chronique, où les propriétaires et investisseurs sont devenus aussi volatils que les projets eux-mêmes ? Un phénomène préoccupant pour un secteur du Luxe quis’inscrit, par nature, dans le temps long, dans la répétition du geste, le soin du détail, et non dans les effets d’annonce ou les stratégies spéculatives.
La répétition de ces situations nous amène à un double constat :
1) De plus en plus d’hôteliers refusent de s’inscrire dans certains projets (i.e. de s’engager avec certaines maisons)
2) Jusqu’à quand les marques, qui dépensent des millions de $ dans le ‘social branding’, vont-elles se voir imposer candidats et/ou décisions sociales pouvant impacter à terme leur notoriété?
Car derrière les architectures spectaculaires, les emplacements « prime » ou les enseignes prestigieuses, l’art de l’hospitalité reste un métier d’artisan. En dépit de l’évidence, certains investisseurs continuent de transposer des logiques court-termistes à un secteur souvent plus exigeant en matière d’opérationnel.
Un écosystème hôtelier de luxe ne peut fonctionner durablement sans expérience métier, vision hôtelière, ni constance managériale. Nombre de professionnels chevronnés pourraient pourtant jouer un rôle de conseil auprès de ces acteurs, à condition que leurs voix soient entendues.
À l’heure où le secteur recrute difficilement et peine à fidéliser ses talents, la gouvernance des établissements hôteliers – et particulièrement dans le premium– mérite une réflexion de fond, loin des ambitions éphémères ou des modèles économiques extrapolés.