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Brian Chesky ne s’attendait pas à ça. Le Pdg et co-fondateur d’Airbnb espérait bien que l’introduction en Bourse de sa société serait un succès, mais pas au point de faire l’entrée fracassante qu’elle a fait. L’action qui valait 68 dollars ce jeudi lors de son introduction en Bourse en valait plus de 144 à la clôture. Les actions de la société de location de logement entre particuliers se sont arrachées.

La compagnie a atteint en séance une valorisation de 100 milliards de dollars, soit plus que son rival Booking. Et bien plus que les géants de l’hôtellerie. Le numéro 1 mondial Marriott est valorisé 43 milliards de dollars et le champion français Accor vaut plus de 10 fois moins qu’Airbnb à 8 milliards de dollars.

Et Brian Chesky avait de quoi être doublement satisfait ce jeudi. D’abord parce que les investisseurs croient toujours en Airbnb malgré cette année écoulée catastrophique pour le tourisme. Ensuite, parce qu’il a personnellement profité de cette flambée du cours de Bourse. Le Pdg a vu sa propre participation dans Airbnb grimper à 11,4 milliards de dollars, relève Bloomberg. En une journée, l’homme qui a eu l’idée de créer Airbnb en 2008 alors qu’il était au chômage et qu’il louait son appartement pour arrondir ses fins de mois, est entré dans le top 200 des plus grandes fortunes de la planète. Il est au même niveau dans le classement Bloomberg que le Français Emmanuel Besnier, patron de Lactalis.

L’euphorie des investisseurs traduit surtout une confiance dans l’avenir pour le modèle d’Airbnb. Car aujourd’hui il y a encore de quoi douter. D’abord, malgré la croissance de son activité, Airbnb brûle énormément de cash et n’a pas réalisé un seul bénéfice annuel depuis 2015. En 2019, les pertes s’étaient même élevées à 674 millions de dollars (pour un chiffre d’affaires de 4,8 milliards), un record.

Surtout, la plateforme de locations a rencontré des résistances en chemin, plusieurs municipalités (notamment la Ville de Paris) et des hôteliers s’inquiétant de voir des logements privés se transformer de facto en hôtels, privant les particuliers d’habitations, favorisant la spéculation immobilière et créant un manque à gagner pour le secteur hôtelier traditionnel. Mais le groupe a désormais quatre millions d’hôtes à son compteur et plus de 825 millions de clients.

« Les gens ont peur d’aller dans les hôtels »

Evidemment la plateforme a été heurtée de plein fouet par les mesures sanitaires imposées dans le monde à l’hiver et au printemps dernier – son chiffre d’affaires des neuf premiers mois de 2020 a plongé de 32% sur un an. L’entreprise a dû lever en urgence 2 milliards de dollars pour faire face à la crise et licencier environ 25% de ses salariés.

Cela lui a permis de relever la tête pendant les vacances d’été: de juillet à septembre, la plateforme a gagné 219 millions de dollars. Airbnb a notamment profité de l’appétit pour les longs week-ends et vacances à proximité, ainsi que du souhait des gens de télétravailler depuis un autre lieu que leur domicile.

En achetant des actions du site, les investisseurs ont l’impression de miser sur l’essor d’un nouveau géant dans son secteur, remarque Gregori Volokhine, gestionnaire de portefeuille pour Meeschaert Financial Services.

« Les gens ont actuellement peur d’aller dans les hôtels, les endroits publics, il y a un réel appétit pour les locations dans les endroits individuels », souligne-t-il auprès de l’AFP. « Et la concurrence, comme (le site) Expedia, est loin derrière. »

Airbnb a ainsi rélisé des bénéfices de 219 millions de dollars au troisième trimestre 2020 grâce à un récent plan d’économies du groupe. Le simple fait qu’Airbnb parvienne à dégager des bénéfices trimestriels peut aussi représenter un atout à Wall Street, où nombre de sociétés relevant de l’économie du partage, comme Uber, sont entrées en Bourse sans avoir jamais réussi à être rentables.

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