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Entretien, RH | Anne-Françoise Brambach : « Les RH sont un moteur stratégique, pas un support »
Avec plus de 30 ans de carrière dans les Ressources Humaines, de Starwood à Sunset Hospitality, Anne-Françoise Brambach incarne une vision profondément humaine et stratégique du métier. Aujourd’hui à la tête de son cabinet AF People Strategies, elle revient sur son parcours, sa philosophie du management et son regard sur le marché de l’emploi.
🎙️ Un parcours de plus de 30 années au service des Ressources Humaines
La Tribune de l’Hôtellerie : Anne-Françoise, vous avez un parcours impressionnant de plus de 30 ans dans les Ressources Humaines au sein de l’hôtellerie de luxe. J’avais annoncé votre nomination de VP HR SUNSET HOSPITALITY GROUP en août 2023. Mais depuis, il semblerait que la passion « RH » vous ait menée vers d’autres aventures. Avant d’évoquer votre actualité, revenons, si vous le voulez bien, sur votre parcours.
Anne-Françoise Brambach : Effectivement, cela fait plusieurs années que nous nous croisons. Comme vous le savez, j’ai eu la chance d’évoluer dans un univers à la fois exigeant et passionnant. De mes débuts au Méridien Bruxelles ou bien encore à l’Intercontinental Paris, du W Paris Opéra (Starwood), à So Hospitality (Covivio), puis en tant que Vice-Présidente RH chez Sunset Hospitality Group où j’ai eu la chance de créer le bureau européen et accompagner le développement rapide du groupe dubaiote, de 16 à 26 pays en moins de deux ans.
Mon parcours professionnel a surtout été rendu possible grâce aux rencontres décisives qui m’ont marquée : des mentors, des collègues, des dirigeants qui ont cru en moi. Pour ne citer qu’une très courte liste, je pense à Sergio Mangini en premier lieu, suivi de Gilles Goic, Philippe Orville, Flavio Bucciarelli, Christophe Mercier et bien sûr Pablo Bandala. Sans oublier des modèles féminins – Dagmar Woodward, Marie-Paule Vandevelde et mon amie Cécile le Motheux.
Comme un chef d’orchestre, je sais que ma force n’a jamais été de jouer seule, mais de coordonner des talents multiples. Sans orchestre, le chef n’est rien ; mais ensemble, on crée une symphonie qui va plus loin, plus haut, et surtout plus fort.
Aujourd’hui, avec mon cabinet AF People Strategies, j’accompagne des organisations en Europe et à l’international dans leurs projets RH : préouvertures hôtelières, transformations, développement des talents. J’aime bâtir et impulser de nouvelles dynamiques aux côtés de leaders inspirants, qui considèrent les Ressources Humaines non comme un support, mais comme un moteur stratégique.
De Sunset Hospitality à la création d’AF People Strategies
La Tribune de l’Hôtellerie : Vous avez donc choisi de conjuguer conseil et missions stratégiques ?
Anne-Françoise Brambach : Je dirais plutôt que c’est le conseil qui est venu à moi. Après Sunset, j’ai été sollicitée pour des missions spécifiques. J’ai donc créé ma société, presque par opportunité, tout en poursuivant ma recherche active d’un poste en CDI.
Mon objectif : offrir aux organisations une palette complète de solutions, allant du management de transition aux projets structurants.
Concrètement, j’interviens sur des préouvertures, des restructurations, mais aussi sur des formations autour du leadership, du bien-être et de la culture de l’excellence. Ces missions me permettent de rester connectée aux enjeux actuels, tout en continuant à travailler en proximité avec les dirigeants.
C’est là que je me sens utile : comme un bras droit qui donne du rythme, aligne les équipes et libère les énergies pour aller plus loin ensemble et surtout être plus performant.
Un marché de l’emploi trop lent et déshumanisé
La Tribune de l’Hôtellerie : Quel regard portez-vous aujourd’hui sur le marché de l’emploi ?
Anne-Françoise Brambach : Je le trouve trop lent, trop lourd dans ses process. Les délais de recrutement s’allongent, les retours se raréfient, et les candidats restent souvent sans réponse. Cette déshumanisation est un vrai frein.
Derrière l’idée de “pénurie de talents”, je pense que le vrai problème réside dans la manière dont les recrutements sont menés : trop impersonnels, mal définis, parfois même superficiels.
Pourtant, nous sommes dans une industrie – l’hôtellerie et le luxe – où tout repose sur l’humain, l’expérience et le sens du détail. Vouloir recruter “vite et beaucoup” au détriment de la qualité revient à oublier que la première vérité humaine est le besoin d’être compris, et la seconde le sentiment d’appartenance.
La bonne nouvelle, c’est qu’il existe des contre-exemples inspirants. J’ai eu un GM qui a pris le temps de s’excuser de la lenteur du process et de m’appeler personnellement pour m’expliquer sa décision. Ce geste simple, mais élégant, démontre que la considération fait toute la différence. C’est cette culture du respect et de la transparence qu’il faut réhabiliter.
La passion des talents comme fil conducteur
La Tribune de l’Hôtellerie : Malgré ce constat, qu’est-ce qui vous motive encore ?
Anne-Françoise Brambach : Toujours les talents. Prendre soin, transmettre, développer les futures générations de leaders.
Je crois profondément que la réussite durable repose sur l’humain authentique : écouter, valoriser, créer des environnements de travail où chacun se sent à la fois compris et utile. C’est ce qui nourrit le sentiment d’appartenance, donc la performance collective.
J’aime souvent raconter la parabole de l’étoile de mer : on ne peut pas sauver toutes les étoiles échouées sur la plage, mais pour celles qu’on remet à l’eau, cela fait toute la différence.
Mon rôle, c’est cela : accompagner ceux que je croise, révéler leur potentiel, leur donner les moyens de briller. Parce qu’au final, une équipe forte, unie, portée par un chef d’orchestre engagé, peut atteindre des sommets qu’aucun talent ne pourrait atteindre seul.
Merci Anne-Françoise Brambach
