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Perspectives | Château d’Esclimont : grandeur passée mais avenir incertain ?

Ancien haut lieu de l’hôtellerie de luxe, le Château d’Esclimont (Eure-et-Loir) a vu défiler des directeurs emblématiques, des tournages prestigieux et nombre de célébrités. Depuis son rachat en 2015 par le groupe chinois Tianci Hot-Spring, un ambitieux projet hôtelier de 80 M€ avait été annoncé. Autorisations obtenues, ambitions affichées… mais dix ans plus tard, le domaine attend toujours sa renaissance. Merci à Manon A., hôtelière engagée et passionnée, qui nous a alerté quant à la situation du domaine.

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Entre splendeur historique et silence inquiétant, le joyau eurélien attend toujours sa renaissance.

À 45 minutes de Paris, le Château d’Esclimont, chef-d’œuvre Renaissance niché dans un parc de 54 hectares et site naturel classé depuis 1965, a longtemps incarné l’excellence de l’hôtellerie française. De René Traversac, fondateur des Grandes Étapes Françaises qui le racheta en 1981 pour en faire un hôtel-restaurant de prestige, aux grands tournages de cinéma qui l’ont immortalisé (Angélique, marquise des Anges, Mr Klein, Les Visiteurs 2…), le domaine a traversé les époques comme un symbole de raffinement.

At a glance 👀

  • The site: Château d’Esclimont, a Renaissance jewel located 45 minutes from Paris

  • The promise: Transformed into a luxury hotel by Chinese billionaire Changlin Yang (2015)

  • The plan: €80M investment, 171 jobs, 36 suites, spa & wellness center

  • The reality: 10 years later, no progress, the owner has vanished from the spotlight

  • The risk: A classified historical monument sliding into neglect

  • The question: Who will take responsibility to save Esclimont?

En 2015, il suscite un nouvel espoir : racheté par l’homme d’affaires chinois Changlin Yang, alors à la tête du conglomérat Chong Qing Tianci Hot Spring, le château devait retrouver sa splendeur grâce à un investissement annoncé de 35 millions d’euros. Passionné de littérature française, l’investisseur confiait alors à L’Écho Républicain être tombé sous le charme « des tours, des balcons et des tourelles » du domaine, avec l’ambition de tripler sa capacité d’accueil et d’y créer un complexe hôtelier de luxe.

En 2021, après de longues démarches administratives, l’État valide le projet de rénovation pour un montant estimé à 80 millions d’euros et la création de 171 emplois. Un plan d’envergure : transformation des chambres, construction de suites haut de gamme, aménagement du parc, création d’un spa et d’espaces de bien-être. Tout semblait réuni pour un renouveau spectaculaire.


Dix ans plus tard : un silence pesant

Depuis, rien ne s’est produit. Le château semble à l’abandon, ses façades se fissurent et son parc est envahi de broussailles. Plus inquiétant encore : son propriétaire, aujourd’hui âgé de 75 ans, semble s’être littéralement évaporé de la scène économique.

Son groupe, Chong Qing Tianci Hot Spring, autrefois présenté comme un géant du tourisme thermal en Chine, a quasiment disparu des radars. Plus aucune actualité, plus aucun développement visible. Après une frénésie d’acquisitions en France (Collants Gerbe, golf de Maintenon…), Changlin Yang n’apparaît plus ni dans la presse chinoise, ni dans les réseaux internationaux du secteur hôtelier.

Les élus locaux, autrefois enthousiastes, s’interrogent désormais : quel avenir pour Esclimont ? Peut-on encore attendre un retour hypothétique de l’investisseur, ou faut-il envisager une reprise en main ?


Quand un site classé tombe en déshérence

Le cas d’Esclimont pose une question plus large : comment éviter qu’un monument ou site classé sombre dans l’oubli lorsqu’un propriétaire défaillant ne tient pas ses engagements ?

En France, plusieurs dispositifs existent :

  • Surveillance de la DRAC et du préfet : mise en demeure du propriétaire, voire travaux exécutés d’office aux frais de ce dernier.
  • Expropriation pour cause d’utilité publique : possible si l’abandon met en péril un site classé.
  • Bail emphytéotique administratif (BEA) : une collectivité peut confier la gestion du site à un opérateur privé ou une fondation, pour 18 à 99 ans, avec obligation de restauration.
  • Mobilisation citoyenne et mécénat : associations locales, Fondation du Patrimoine, campagnes de financement participatif ou mécénat d’entreprises permettent parfois de sauver des joyaux en péril.
  • Incitations fiscales et subventions : les propriétaires de monuments historiques peuvent bénéficier d’aides et d’exonérations fiscales s’ils engagent des travaux et ouvrent le site au public.

Autrement dit, Esclimont n’est pas condamné à rester silencieux. Mais il faut un signal clair : soit un retour crédible du propriétaire, soit une décision politique forte pour reprendre la main et éviter que ce château, qui a traversé les siècles et inspiré tant d’histoires, ne s’endorme à jamais.

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