mar 30 septembre 2025,
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Débat | Restauration en crise : prix trop élevés, offre trop dense… et si l’hôtellerie montrait la voie ?

Avec 407 000 établissements en 2024 et des additions en hausse de 25 % en trois ans, la restauration française traverse une crise de confiance. Cet été, la fréquentation a reculé de 15 à 20 %. Un débat qui résonne aussi dans l’hôtellerie, longtemps confrontée à ces défis et qui, face à l’inflation et à la saturation du marché, se recentre sur ses fondamentaux.

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Un été morose pour les restaurateurs
En pleine saison touristique, la baisse de fréquentation est brutale : -15 à -20 % en moyenne, jusqu’à -30 % selon certaines régions. « Historiquement, je faisais 70 couverts par service. Aujourd’hui, je tourne à 45 », témoigne Franck Chaumès, président de l’Umih restauration.

Des prix jugés excessifs par les clients
Avec une addition moyenne en hausse de 25 % en trois ans, de nombreux vacanciers préfèrent se tourner vers des repas maison ou moins coûteux. Certains consommateurs dénoncent des incohérences tarifaires : pourquoi un restaurant de chaîne en province affiche-t-il les mêmes prix qu’à Paris, où les loyers sont quatre à cinq fois plus chers ?

Un marché saturé par la multiplication des enseignes
La France compte aujourd’hui un restaurant pour 170 habitants, contre un pour 210 il y a dix ans. Paris atteint même un record d’un restaurant pour 82 habitants. Résultat : 7 200 fermetures en 2023 (+44 % en un an), et un tiers des nouvelles adresses qui ne passent pas le cap des deux ans.

La voix dissonante de Stéphane Manigold
Interrogé sur RTL, Stéphane Manigold, restaurateur parisien et PDG du groupe Eclore, répond que le problème n’est pas tant le nombre que la qualité : « Il n’y a pas trop de restaurants en France, il y a trop d’établissements qui n’en sont pas. » Il dénonce l’accès trop facile aux licences et un manque criant de transparence vis-à-vis du client : « Le consommateur veut savoir si son plat a été cuisiné le matin par un chef ou réchauffé trente secondes au micro-ondes. » Source RTL

Un parallèle frappant avec l’hôtellerie
Cette crise de modèle n’est pas une nouveauté pour les hôteliers. Depuis longtemps, l’hôtellerie a dû repenser sa restauration. Face à la concurrence des restaurants de destination, des concepts de food-court ou des chefs-influenceurs capables de mobiliser des millions d’abonnés, nombre d’hôtels ont choisi de réduire la voilure ou d’adopter les codes de la « restauration à succès ». Certains ont baissé leurs prix ou fermé leurs points de vente jugés non rentables, préférant se concentrer sur leurs fondamentaux ( i.e. le petit-déjeuner – devenu un élément clé de l’expérience client – et la restauration événementielle -banquets, séminaires, mariages-), d’autres signent des marques d’eatertainment, aménagent leurs rooftops ou recrutent des chefs-influenceurs (parfois les 3 à la fois !). Cependant, si cela ne garantit pas le succès économique du point de vente, cette politique « F&B » peut s’inscrire avantageusement dans « l’expérientiel client », véritable valeur ajoutée pour l’hébergement, le coeur du business hôtelier. Avec le digital, la restauration est le vecteur d’image central de l’hôtel et contribue fortement à la valorisation de la marque.

Vers un retour aux fondamentaux ?
Ce mouvement hôtelier pourrait inspirer la restauration traditionnelle : se recentrer sur ce qui fait valeur ajoutée et confiance pour le consommateur, au lieu de multiplier les concepts fragiles ou les additions dissuasives. Comme le résume un expert du secteur : « Le client ne veut pas forcément plus d’offres, il veut mieux manger, à un prix juste, et dans un cadre où la transparence est totale. »


Faits divers_Quand la restauration événementielle de luxe fait le buzz

Dans ce contexte où nombre de restaurateurs « déposent le bilan » ou peinent encore à compenser les effets des crises successives, certains établissements vivent une tout autre réalité. C’est le cas de La Môme à Cannes ! Félicitations à eux !
Le 18 juin, un groupe de 40 convives y a déboursé pas moins de 106 706 €, selon Nice-Matin, repris par Midi Libre. La note, relayée sur X (ex-Twitter) par l’utilisateur Antoony (voir en bas d’article), dépasse désormais les 317 000 vues, déclenchant une vague de commentaires ou critiques. Mais, avant toute critique, il convient de rappeler que ce type d’addition relève de l’exceptionnel et que ces clients « ultra-UHWI » (ie. les High Net Worth Individuals qui « pèsent » au minimum 30M$) permettent à tout un secteur de vivre et  à de nombreux salariés de se construire un avenir professionnel et personnel.

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