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France-Angleterre | Des pubs anglais et restaurants français dans la tourmente

Des deux côtés de la Manche, la restauration est frappée par une vague de fermetures. En France comme au Royaume-Uni, les établissements luttent pour leur survie, pris en étau entre hausse des coûts, pression fiscale et fragilité de la demande.

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Les fermetures de pubs au Royaume-Uni s’accélèrent, tandis qu’en France, la restauration connaît elle aussi une hémorragie. Différents marchés, même constat : le modèle économique vacille.

Avec la fermeture du plus vieux pub de Torquay « The Hole in the Wall », ce sont 500 ans d’histoire et un emblème britannique qui se sont envolés ! 

Symbole de résilience depuis près de 500 ans, le Hole in the Wall, plus ancien pub de Torquay, a définitivement fermé ses portes le 13 avril 2025. Fondé en 1540, l’établissement avait traversé guerres, crises et pandémies, avant d’être emporté par la flambée des coûts et une dette insurmontable de plusieurs centaines de milliers de livres.

Avec ses sols pavés, ses poutres de bois, sa musique live quotidienne et ses bières locales, le lieu faisait partie intégrante du patrimoine du Devon. Ses premiers clients ? Des pirates et des contrebandiers, à l’époque d’Henri VIII.

La fermeture du Hole in the Wall illustre une tendance lourde : plus de 400 pubs ferment chaque année au Royaume-Uni, conséquence de la hausse des charges, du manque à gagner post-Covid et de l’évolution des habitudes de consommation.

Selon la British Beer and Pub Association (BBPA), un pub ferme chaque jour en Grande-Bretagne en 2025, avec à la clé plus de 5 600 emplois menacés. La faute à un cocktail explosif : hausse du salaire minimum, charges patronales alourdies, taxation élevée sur la bière et coûts de l’énergie en flèche. Le résultat est sans appel : plus de 2 200 pubs disparus depuis 2020, privant les communautés locales de lieux de sociabilité essentiels.

La fin d’une légende de Soho

Le rideau tombe sur The Windmill, club mythique de Londres.
Symbole de la résilience britannique pendant la Seconde Guerre mondiale, le cabaret de Soho, célèbre pour son slogan « We never closed » durant le Blitz, ferme ses portes.

L’exploitant Big Country, qui avait investi près de 10 millions de livres pour transformer le lieu en expérience immersive mêlant cabaret, cocktails et gastronomie étoilée, a été contraint à la liquidation volontaire. La faute à une querelle sans fin avec son bailleur, RKW (filiale de Spearmint Rhino), et à des problèmes techniques tels qu’une fuite majeure dans le sous-sol.

👉 Derrière la faillite, c’est un pan entier de l’histoire nocturne londonienne qui s’éteint. Fondé dans les années 1930, devenu cinéma érotique avant de renaître comme cabaret dans les années 1970 sous la houlette de Paul Raymond, The Windmill restera un repère culturel emblématique de Soho.

Comme le rappelle Duncan Coutts, liquidateur de Coots & Botts :
« Si ce chapitre est clos, l’héritage du Windmill reste une partie intégrante de l’histoire culturelle de Soho. »

Un dernier clin d’œil à un lieu qui, pendant des décennies, a fait vibrer le cœur de Londres, entre audace, extravagance et esprit de résistance.

En France, la situation est tout aussi préoccupante (notre article sur la « Restauration en crise »). Les organisations professionnelles estiment que des milliers de restaurants ont mis la clé sous la porte en 2024-2025, incapables d’absorber l’inflation des matières premières, les loyers toujours plus élevés et une fréquentation en berne, notamment dans les zones périurbaines. Le secteur, déjà fragilisé par la pandémie, voit s’accumuler les cessations d’activité et les ventes à la découpe.

👉 Une crise sociale autant qu’économique
Ces fermetures dépassent la seule dimension financière. Les pubs britanniques ont longtemps été des piliers de la vie de quartier, véritables « salons publics » où se nouaient les liens communautaires. En France, le bistrot et le restaurant de proximité incarnent ce même rôle social, souvent seul lieu de convivialité dans les petites communes. Leur disparition entraîne un risque accru d’isolement et fragilise le tissu local.

👉 L’appel à l’État
Des deux côtés, la profession réclame un soutien gouvernemental. À Londres, les acteurs du secteur appellent à une refonte de la fiscalité sur la bière et des charges patronales. En France, les restaurateurs demandent des allègements fiscaux, une baisse de TVA sur la restauration et des aides ciblées à la transition énergétique.

Sans mesures rapides, préviennent les professionnels, c’est une part du patrimoine culturel et social qui risque de disparaître.

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