Une enquête européenne qui s’accélère
Le siège de l’ex-Nexa, devenu La Réunion Développement en 2024, a été investi ce mardi 2 décembre par des policiers venus de Paris et de La Réunion, sur instruction du Parquet européen. Malheureux hasard, le site de la société est depuis « hors service ».
L’ autorité judiciaire indépendante enquête sur les infractions susceptibles de porter atteinte aux intérêts financiers de l’Union européenne — un champ directement lié aux fonds FEDER (Fonds européen de développement régional) perçus par la Société d’Économie Mixte: près de 3,8 millions d’euros entre 2018 et 2023, et 15,4 millions en cumulant les apports régionaux et européens.
La perquisition porte essentiellement sur la période 2018–2023, ciblée par un rapport accablant de la Chambre régionale des comptes (CRC).
Quel lien avec l’hôtellerie et le tourisme ?
Une SEM au rôle central dans l’attractivité économique de l’île
Historiquement, Nexa/La Réunion Développement a été au cœur de la promotion territoriale, de l’innovation et de l’appui aux investissements — trois piliers directement liés à l’attractivité touristique et hôtelière de La Réunion.
Une perte de crédibilité aux répercussions possibles
L’enquête visant La Réunion Développement soulève plusieurs questions pour les investisseurs touristiques et hôteliers :
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Des fonds européens mal utilisés pourraient fragiliser l’accès futur aux financements FEDER, essentiels pour les infrastructures touristiques, la rénovation des hébergements ou la montée en gamme des établissements.
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Une gouvernance publique instable peut refroidir les investisseurs privés, particulièrement dans l’hôtellerie haut de gamme où la visibilité à long terme est essentielle.
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Les projets touristiques structurants pourraient souffrir de retards, si les enveloppes ou procédures de cofinancement liées à la SEM sont réévaluées ou mises sous contrôle renforcé.
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Le développement hôtelier durable — axe majeur des politiques régionales et européennes — pourrait être impacté par le manque de transparence et les irrégularités pointées par la CRC.
Des actifs hôteliers impliqués ?
À ce stade, aucun actif hôtelier n’est directement cité dans les éléments de l’enquête.
Toutefois, la SEM a pu intervenir :
- dans des projets de développement territoriaux incluant des zones touristiques ;
- dans des accompagnements d’investisseurs ou de porteurs de projets dans l’hôtellerie ou l’éco-tourisme ;
- dans des dispositifs de subvention ou d’incitation économique destinés aux entreprises touristiques.
Si la gestion de ces dispositifs venait à être remise en cause par l’enquête, cela pourrait affecter indirectement les acteurs hôteliers ayant bénéficié, sollicité ou projeté d’utiliser ces mécanismes.
Pour le secteur de l’hôtellerie et du tourisme — stratégique pour l’économie réunionnaise — cette enquête souligne l’urgence d’assurer une gouvernance solide, une gestion rigoureuse des fonds européens et une stabilité institutionnelle afin de soutenir durablement la croissance du secteur. L’île, qui cherche à renforcer son attractivité internationale et son parc hôtelier, ne peut se permettre une fragilité institutionnelle durable — surtout à l’heure où la concurrence régionale se renforce (Maurice, Seychelles, Mayotte, Madagascar).





