Hôtellerie hybride | Didier Quinot, Directeur Général : « Avec Zoku, l’hôtellerie lifestyle se fait hybride «
L'hôtellerie hybride est certainement le secteur d'activité le plus innovant en matière d'Hospitality ! La post pandémie a amplifié le développement de ce segment avec l'explosion du nombre de travailleurs nomades, du télétravail mais également l'évolution de modes de séjours tels que le "staycation" ou le "bleisure". Sensibles aux tendances mais dans un souci de rentabiliser l'immobilier commercial, de nombreux acteurs de l'immobilier surfent sur ce nouveau segment permettant, il est vrai, des conversions plus aisées. Ces investisseurs s'appuient soit une marque existante développée par des hôteliers soit créent en interne leur propre modèle et leur propre marque, recrutant pour l'occasion une équipe d'hôteliers. Récemment, j'ai eu la chance de visiter un de ces nouveaux hôtels, entre appart'hôtel, espace de coworking, restaurant, bar, rooftop, et espaces événementiels. Je dois l'avouer, le produit est bluffant. Bienvenue chez Zoku !
Ce matin, rendez-vous est pris avec le dynamique et passionné directeur de ZOKU, ce nouvel établissement, composé de 109 lofts et chambres, d’espaces de convivialité (comprenant un bar, un salon Living Room, un restaurant « Living Kitchen » et des espaces de coworking), qui s’est délicatement posé face au Palais de Justice de Paris, en avril dernier.
L’hôtel, qui se se situe aux étages supérieurs (6, 7, 8) du Stream Building (*), nouvel immeuble à l’architecture contemporaine, est accessible par une entrée qui annonce la couleur : énergie, design et épure.
« Le bâtiment est envisagé comme un organisme productif, qui transforme ses ressources selon des logiques circulaires de synergies entre ses espaces.
La toiture productrice a ainsi été conçue avec la start-up Topager selon le principe de l’agrivoltaïsme : près de 400 m2 de panneaux photovoltaïques combinés à plus de 300 m2 d’agriculture urbaine, sans intrants chimiques et productive hiver comme été, en fonction des échanges entre le maraîcher et les chefs des restaurants de l’immeuble. Ce potager permet de lutter contre les effets d’îlot de chaleur et d’absorber les eaux pluviales ; en lien avec la faille végétale en façade sud et la façade houblonnée au sud-est, il crée un couloir de biodiversité. L’houblonnière offre une protection thermique passive sur la façade sud – laissant passer la lumière en hiver et offrant de l’ombre en été –, tout en alimentant une micro-brasserie en sous-sol. Cette brasserie peut produire 20 000 litres de bière, consommés sur place, au sein des bars et restaurants de l’immeuble, dans une logique de circuit court, à l’instar des légumes et aromates du potager. En lien avec la brasserie, un composteur recycle les drêches de houblon et les déchets organiques du bâtiment, notamment des restaurants, alimentant en retour les cultures du toit.
Le Stream Building est également le prototype d’un mode de construction innovant. Sa structure mixte bois-béton vise l’optimisation du bilan carbone. » Source PCA-Stream
Arrivé à la réception et aux espaces d’accueil au dernier étage, je suis accueilli par une hôtesse (qui officie également au bar et au restaurant)
qui prévient mon hôte du jour, Didier Quinot.
Didier Quinot ( IAE Savoie Mont Blanc, Master 2 Management de l’Hôtellerie Internationale 2008), Directeur Général de ZOKU était, il y a peu, Directeur du très tendance Pley Hotel.
Recruté par les équipes de ZOKU et Covivio So Hospitality, ce General Manager est, de toute évidence, l’homme idéal pour un tel établissement « lifestyle » et hybride : une rigueur professionnelle « en toute décontraction » (en « chill » pour la générations Z !), de l’énergie sans nervosité, de la mansuétude (parce que le mot « bienveillance » devient un peu trop « neuneu » !) sans laisser-aller. Pour résumer, Didier Quinot prouve au quotidien que le « chill » n’est pas une question de look mais d’état d’esprit. Comme l’élégance.
« Formé » au Pullman Bercy par un hôtelier bien connu de la place parisienne, un certain… Jérôme Cherpin qui lui a certainement transmis cette rigueur et surtout une vraie disponibilité à l’encontre de ses collaborateurs. En toile de fond, un management de proximité, une présence « terrain » et des échanges permanents.
Autour d’un café, Didier m’explique la philosophie ZOKU telle que voulue par ses créateurs, les géniaux et décontractés Marc Jongerius et Hans Meyer.
» Avec ZOKU, notre intention est de créer une nouvelle catégorie d’hébergement : à mi-chemin entre la maison, le foyer familial et son bureau. Notre ambition, et je pense que cela est atteint, est de faire de ZOKU un véritable lieu de vie, de travail et de convivialité ! Dans une ville capitale comme Paris, au rythme intense, ce n’était pas gagné d’avance et pourtant ! La plupart de nos clients deviennent « accro » à notre produit avec un taux de fidélisation qui dépasse les 50 % ! De plus, nous avons enregistré de nombreuses inscriptions au mois pour notre activité coworking. Ainsi, les franciliens côtoient une clientèle affaire ou tourisme internationale ! »
En fin de matinée, les lieux publics vibrent entre travailleurs indépendants, clients hôtels et autres invités. Les check-in se succèdent auprès de l’accueil digital (une hôtesse est disponible si le client peine à s’enregistrer sur l’écran digital).
Le rooftop ZOKU propose, dans un cadre « bucolique urbain » mêlant végétation, bancs et mobilier de bois, une halte conviviale « bien dans son temps », une guinguette sur le toit.
Au restaurant , là encore la convivialité est reine : la cuisine, où officie le jeune et talentueux Chef Guillermo Donoso (originaire de Colombie, le Chef est passé par le restaurant gastronomique « Les Ombres » aux côtés du chef Cyril Lenoir puis du Chef Frédéric Claudel à partir de 2014 et du pâtissier Pascal Chanceau) s’ouvre sur un restaurant très « Nature » et lumineux face au Palais de Justice . La carte du Chef est à son image : entre Colombie, France et Italie, de bons produits pour une cuisine de goût, sans fioriture, le produit avant tout ! Et pour couronner le tout, un « potager » de 1200m2 sur le toit permet au Chef d’agrémenter, au gré des saisons et récoltes, ses plats !
La visite des « micro-appartements » ou mini-lofts est bluffante comme peuvent en témoigner les deux vidéos suivantes :
Avant de quitter ce lieu surprenant et objectivement attachant, véritable succès hybride de l’année, dernier échange avec Didier.
LTH : Didier, en visitant les chambres ou plutôt les lofts et micro-appartements, on est surpris de voir que l’espace nuit avec le lit se retrouve placé en hauteur, en mezzanine. Pourquoi ce choix ?
Didier Quinot : Le lit n’est pas un meuble comme un autre. Il doit être sacralisé et réservé à l’usage exclusif de l’hôte car quoi de plus désagréable que le lit devienne « banquette » ou fauteuil. De plus, l’emprise au sol du lit réduit considérablement l’espace de vie. Ainsi, les concepteurs de ZOKU ont inventé ce concept de « loft » à mi-chemin entre la « tiny house » et l’appartement pour faire de la pièce un espace de vie intégral, entre cuisine, détente, partage et travail. Pourquoi amputer l’espace de 3m2 pendant les 2/3 de la journée ?
LTH : On ne peut saluer que l’aménagement optimal des appartements entre « coffre tiroir », escalier rétractable, poches et autres niches intégrées ! Autre innovation, votre office « Caverne d’Ali Baba » ouvert au client…
Didier Quinot : En créant cet »office » réservé aux clients, nous avons répondu à deux attentes : le client veut souvent régler rapidement et par lui-même un petit problème. Il manque un verre dans la cuisine ? Je vais en chercher un ! J’ai renversé des céréales ? Je veux nettoyer de suite. C’est cela aussi se réapproprier un lieu ! En faisant de nos clients des acteurs, cela permet également à nos collaborateurs de disposer de plus de temps pour mieux accompagner nos hôtes ! L’espace « Troc’art » mis à la disposition de nos invités leur permet également de choisir un ou plusieurs tableaux pour personnaliser leur appartement !
LTH : Vous proposez quels produits et objets dans ces offices « Caverne d’Ali Baba »?
Didier Quinot : Des couverts, de la vaisselle, du linge de lit et de salle de bain, des cafetières, des robots ménagers, des aspirateurs sans fils, des oreillers, tout ce qui peut être utile au client pour un dépannage de dernière minute ! Glaçons compris !
LTH : L’hôtel dispose d’un potager de 1200 m2 sur le toit et de panneaux solaires…
Didier Quinot : Oui. Chez ZOKU, l’environnement et plus globalement notre Responsabilité Sociétale sont une partie de notre ADN. Les panneaux solaires nous fournissent une partie de l’énergie nécessaire à la production d’eau chaude et la production potagère est utilisée quotidienne. Nous visons le label B Corp en 2024 !
LTH : Merci infiniment Didier pour cette visite et surtout la découverte d’un produit qui, en toute objectivité, me semble certainement un des concepts les plus aboutis pour les courts et longs séjours en appartements ou chambres notamment pour les générations Y et Z mais pas que ! Félicitations à tous vos collaborateurs pour leur sens de l’accueil et leur gentillesse !
