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Le 23 septembre, le ministre de la Santé Olivier Véran a annoncé que Paris avait été placée, comme dix autres villes telles que Lyon, Nice, ou Lille, en zone d’alerte renforcée, dans le cadre de nouvelles mesures restrictives face à la recrudescence de cas de Covid-19. Ce classement engendre une batterie de mesures sanitaires, dont la fermeture des bars et restaurants à 22 heures au plus tard à compter de ce lundi (ou seulement des bars pour Paris). Le président de Moma Group, qui exploite une trentaine de restaurants, en majorité dans la capitale, s’insurge contre ces restrictions.

Challenges – Que pensez-vous de la décision du gouvernement de fermer les bars et restaurants d’Aix et Marseille pour quinze jours, ainsi que les bars parisiens après 22 heures à partir de ce soir?

Benjamin Patou – Je déplore que l’on stigmatise encore une fois, une profession déjà très affaiblie par l’épidémie. Il est difficile de prouver que l’on se transmet particulièrement le Covid dans les lieux de restauration. Je rappelle qu’en mars dernier, on nous a donné quatre heures pour fermer nos établissements. Cela s’est traduit par des pertes considérables, notamment en raison des matières premières que nous avons dû sacrifier et bien souvent détruire. Mais nous avons joué le jeu. Certes l’Etat a pris en charge partiellement les coûts mais cela n’a été que partiel. Et nous avons été bien seuls pour faire face à nos charges les plus lourdes, les loyers et les assurances. On nous a laissé tomber. Aujourd’hui c’est le coup de grâce. Une profession aussi affaiblie va payer un lourd tribut avec ces nouvelles fermetures.

Le gouvernement ne doit-il pas renforcer les mesures sanitaires au moment où l’épidémie s’aggrave?

Si l’on considère que les restaurants et bars sont des endroits critiques pour la transmission du virus, il vaut mieux les encadrer, les surveiller, plutôt que d’inciter les gens à se retrouver ailleurs, chez eux, dans leurs cuisines ou dans leurs caves, sans surveillance et sans protocole. On ne demande pas mieux que de collaborer avec les autorités avec bienveillance et intelligence pour imposer au public des procédures drastiques, des circuits de circulation, des distances entre les clients, des kits de désinfection. Nos établissements peuvent être très utiles pour la sensibilisation et la mise en place de gestes efficaces. Au contraire quand nous sommes fermés autoritairement, le lien social souffre profondément et durablement, nos quartiers et nos villes sont pénalisés, des emplois disparaissent, de nombreuses personnes sont poussées au désespoir.

Vous demandez des aides supplémentaires?

De deux choses l’une. Soit les autorités vont au bout de leur logique et nous imposent des fermetures, mais dans ce cas, il faut nous indemniser pour 100% de nos pertes. Soit elles sont réalistes et elles acceptent que l’on reste ouvert. Je veux rappeler les mots du président de la République, il nous a dit il y a quelques jours que « nous devions apprendre à vivre avec le virus ». Selon moi, cette vie avec le virus ne peut pas consister à tout stopper quand les cas se multiplient mais à conserver nos modes de vie en renforçant la vigilance et les gestes barrières. J’ajoute que l’on a un grand besoin de clarté, de précision et d’anticipation dans les décisions. Par exemple, très peu de gens ont compris que la fermeture à 22 heures à Paris ne concerne que les bars et non pas les restaurants. Même nous professionnels, nous avons dû vérifier qui est concerné, nous n’étions pas sûrs ce matin encore. Cela renforce l’impression de brutalité, d’inconsistance et d’incompétence de la part des décisionnaires.

Quelle est la situation de votre groupe aujourd’hui? Avez-vous rouvert tous vos restaurants?

Nous n’avons que quatre restaurants encore fermés sur une trentaine au total. Nous avons la chance d’avoir des lieux avec une très forte identité tels Tortuga, sur le toit des Galeries Lafayette, boulevard Haussmann ou La Gare, chaussée de la Muette, qui sont pleins à craquer, dans le respect de la distanciation. Mais nos activités de réception et de traiteur sont toujours au point mort. Activités pour lesquelles vivre avec le virus, ce n’est plus vivre du tout et je ne veux pas que le métier de restaurateur subisse le même sort.

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