Son propriétaire, le fonds d’investissement TDR, veut créer un nouvel acteur multi-enseigne de la restauration.Déjouant les pronostics, Buffalo Grill a été choisi pour reprendre Courtepaille à la barre du tribunal d’Évry. En perte de vitesse depuis des années, l’enseigne de grillades au feu de bois avait été placée en redressement judiciaire cet été. Huit candidats (dont Butler Capital, Naxicap, Ange) se sont intéressés au dossier, se retrouvant à deux en finale : Buffalo Grill et Groupe Bertrand (Hippopotamus, Burger King…).
Leurs dirigeants se connaissent bien : Jocelyn Olive, directeur général de Buffalo Grill, a été patron de Burger King France de 2013 à 2016. « Notre offre est la mieux disante socialement, assure-t-il. Nous reprenons plus de 90 % des collaborateurs et nous proposons des reclassements à tous les autres ». Aux créanciers, il propose un prix de cession de 17 millions d’euros, contre 10,5 millions d’euros pour Groupe Bertrand.
Ce dernier, réputé pour sa boulimie d’acquisitions et sa capacité à redresser les enseignes, était prêt à débourser 100 millions dans la relance de Courtepaille. Des proches du groupe assurent que leur offre était socialement alignée sur celle de leur rival.
Buffalo Grill (360 restaurants) reprendra 237 des 279 restaurants Courtepaille, dont les 92 en franchise. Avec son actionnaire, le fonds britannique TDR, l’enseigne prévoit d’investir 80 millions d’euros dans le réseau (rénovations, nouveaux outils informatiques…) et plus de vingt millions dans la marque, en publicité. Mais pour commencer, elle va rouvrir 100 % des restaurants Courtepaille d’ici octobre. Un tiers est fermé depuis mars.
« Vision à long terme »
À la tête de 4 000 collaborateurs, Courtepaille a réalisé un chiffre d’affaires de 190 millions d’euros l’an passé. Malgré sa notoriété, l’enseigne perd des clients. Mais elle a un atout majeur : ses emplacements. « Nous avons une vision à long terme, des moyens financiers et un niveau d’endettement parmi les plus faibles du secteur », insiste Jocelyn Olive. Depuis juin, Buffalo Grill a pratiquement retrouvé ses niveaux d’activité de 2019, selon lui. Mais comme tous ses concurrents, l’entreprise n’est pas épargnée par la crise du Covid. En juillet, elle a obtenu un prêt garanti par l’État (PGE) de 65 millions d’euros. Elle avait été placée sous mandat ad hoc au printemps, avant de restructurer sa dette : le fonds TDR a racheté l’essentiel des créances.
« Notre projet est de construire un nouvel acteur de la restauration multimarques en France, explique Jocelyn Olive. C’est le début d’une grande aventure. »