L’idée, c’est de relever nos manches en utilisant les moyens qui sont les nôtres, a déclaré d’entrée de jeu M. Lavoie, à l’occasion d’un webinaire organisé jeudi par l’Association hôtellerie Québec (AHQ), qui compte 500 membres. « Vous n’êtes plus que des hôteliers, vous devenez des gestionnaires d’actifs. »
Il a admis du même coup « qu’il n’y avait rien de ça qui avait la prétention de permettre de revenir à la rentabilité d’avant » la COVID-19. L’idée, ajoute Guillaume Lavoie, c’est de mettre fin à la « dictature des coûts fixes qui représentent en ce moment le nœud du problème ».
Rappelons que, depuis le début de la pandémie, les taux d’occupation des hôtels sont anémiques. Pendant l’été, certains établissements en région ont pu profiter de l’afflux de touristes, mais les grands centres comme Montréal et Québec ont été désertés. Pour tenter de survivre, l’industrie demande de l’aide pour payer les frais fixes.
« On est en mode de recherche de revenus », rappelle, Xavier Gret, président-directeur général de l’AHQ.
Ainsi, les pistes proposées par Guillaume Lavoie vont de la conversion du hall de l’hôtel en lieu de réception des colis, à l’utilisation du stationnement par des écoles de conduite en passant par la location des tables et des chaises de banquet. « Les investissements sont entre minimes et zéro, soutient-il. L’idée, c’est de faire de l’hôtelier un partenaire de mon quartier. »
Réactions et réserves
Sur la cinquantaine de membres de l’AHQ qui ont assisté au webinaire, peu ont réagi à ce qui leur était proposé. « On a eu de bons commentaires, assurait M. Gret après la conférence. Les gens ne sont pas habitués à voir ça. Ils sont en mode réflexion. » À la fin de la conférence, certains ont écrit des commentaires disant que cette approche alimentait leur réflexion pour survivre.
Comptant parmi les personnes présentes, Michelle Doré, propriétaire de l’Auberge Places d’Armes et de l’Hôtel Champlain, deux établissements conventionnels situés dans le Vieux-Québec, émet pour sa part quelques réserves, notamment en ce qui concerne la location de chambres pour des rendez-vous professionnels. « C’est utopique, a-t-elle lancé d’emblée, au cours d’un entretien téléphonique avec La Presse, quelques minutes après la fin de la présentation. En ce moment, tout le monde est en télétravail. Les tours de bureaux sont libres. Qui va venir dans mes chambres d’hôtel ? Une chambre d’hôtel avec un lit pour rencontrer une autre personne ? Non. Je n’y crois pas. »
Selon elle, un notaire par exemple qui aurait besoin de rencontrer un client ne louera pas une chambre. Il cherchera davantage une petite salle de réunion.
En ce qui concerne la location de cuisine, Mme Doré croit que le concept demande toute une gymnastique puisque chaque fois qu’un chef se sert des installations, il doit ensuite repartir avec sa nourriture pour laisser la place à ceux avec qui il doit partager l’espace.
L’hôtelière admet néanmoins que la conversion du stationnement est intéressante. Et pour ce qui est de la location de chambres à des professionnels qui font des consultations, Mme Doré, se dit ouverte à prendre part à un projet pilote – qui concrétiserait certaines idées avancées lors du webinaire – avec le nouvel hôtel qu’elle est en train d’aménager. L’établissement, qui n’est pas encore ouvert, comptera 33 petites chambres à l’intérieur desquelles le lit sera suspendu au plafond. Au moment de dormir, les clients devront le descendre avec un contrepoids. Avec ce concept, les propos de M. Lavoie trouvent-il écho ? « Absolument, répond Mme Doré. L’hôtel va être polyvalent. C’est vraiment le concept du futur. »