Coronavirus. Hôtelier à Laon, Jonathan Imamovic l’assure: «Il y aura un avant et un après Covid-19»

Au lendemain de l’annonce par le Président de la République de la fermeture des écoles, nous étions allés rencontrer Jonathan Imamovic, gérant de l’hôtel Kyriad de Laon. Dès le 14 mars, il avouait devoir faire face à des annulations en cascade. Trois semaines après, la situation n’a fait que se dégrader.

Jonathan Imamovic, mi-mars, vous nous annonciez avoir perdu la moitié de vos réservations, sitôt l’allocution d’Emmanuel Macron, qu’en est-il aujourd’hui ?

Après avoir perdu 80 % de notre chiffre d’affaires en trois jours, ce sont les réservations qui ont commencé à être annulées. Nous sommes à 100 % d’annulation jusqu’à début mai. Puis, la tendance s’est poursuivie avec l’annulation de la Montée historique, les réservations de juin ont été annulées les unes après les autres et ça continue. Des groupes qui devaient venir en septembre annulent à leur tour. Je ne me fais pas d’illusion, ceux qui ne l’ont pas encore fait c’est probablement parce que leurs bureaux sont fermés. Elles nous arriveront, elles aussi à un moment donné.

Ces annulations vous ont conduit à fermer très rapidement votre établissement, une décision que vous ne regrettez pas ?

Non. Le 19 et le 20 mars, nous sommes allés travailler la peur au ventre. Quand on s’est retrouvé avec zéro client, le plus sage était d’arrêter. Et puis nous sommes face à une pandémie, il fallait aussi penser à sauver nos vies, celles de nos salariés. Actuellement, je ne suis plus un directeur d’hôtel, le business n’est plus mon cheval de bataille, nous sommes tous en mode survie. J’ai préféré fermer. Mettre les salariés au chômage, même si nous sommes encore dans le flou en ce qui concerne les aides de l’État. Nous ne savons pas si nous sommes éligibles. En mars, les salaires ont été payés normalement, les salariés n’auront pas à subir d’attente, les fournisseurs sont payés, mais ça ne pourra pas tenir indéfiniment, vu que rien ne rentre, la trésorerie fond. Je ne fais que des remboursements. On a pris la décision de payer, qui paie ses dettes s’enrichit dit-on, on l’a fait !

Même s’il est un peu tôt pour se projeter, comment voyez-vous l’avenir de votre entreprise ?

Incontestablement, il y aura un avant et un après. Ma clientèle est composée de professionnels la semaine et de touristes le week-end. Ces professionnels sont une part importante de mon chiffre d’affaires, je suis rarement complet le week-end. L’instauration du télétravail risque de changer la donne. Combien de chefs d’entreprise vont se dire que finalement, ce n’est peut-être plus aussi indispensable de faire tourner leurs représentants ? On peut ainsi s’attendre à une réduction des nuitées. La question se pose aussi sur les prestations que nous proposons. par exemple, chez nous notre produit d’appel reste le petit-déjeuner. Il est proposé sous la forme d’un buffet comportant des boissons chaudes, des jus de fruits, un peu à l’anglaise. Les gens viennent chez nous aussi pour cela. Aurons-nous toujours le droit de proposer ce genre de prestation ? Devrons-nous pour des motifs liés à l’hygiène revenir à un petit-déjeuner plus traditionnel servi à table ou filmé et servi en chambre ? Pour l’heure, on ne peut pas l’assurer.

D’autres habitudes devront être prises au quotidien ; il nous faudra limiter les contacts physiques, poignées de main et autres, les normes d’hygiène risquent d’être renforcées. Dans le même temps, nous devrons rassurer nos équipes, toujours en première ligne. Notre mode de fonctionnement devra changer. L’après est déjà en train de se reconstruire.

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