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Seychelles | Le Covid-19 épargne les Seychelles, mais touche durement son tourisme

"C'est la catastrophe", résume Sybil Cardon, propriétaire d'un hôtel aux Seychelles, où la pandémie de Covid-19 a fait dégringoler le nombre de touristes essentiels à l'économie de l'archipel de moins de 100.000 habitants, dans l'océan Indien.

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Le tourisme contribue à environ 25% du PIB du pays, selon les statistiques officielles, et est, avec l’industrie thonière, le principal pourvoyeur de devises.

En 2019, ses plages paradisiaques et ses eaux turquoises ont attiré plus de 330.000 touristes, aux deux-tiers en provenance d’Europe. Sur les trois premiers trimestres de 2020, à peine plus de 75.000 ont débarqué dans l’archipel.

Sur les 2e et 3e trimestres, leur nombre a chuté de près de 83% par rapport à l’année précédente, une baisse similaire à celle des voyageurs d’affaires, selon le Bureau national des Statistiques (NBS).

Fermé fin mars aux vols internationaux, l’aéroport de Victoria, la capitale, a rouvert le 1er août, mais toutes les compagnies n’ont pas repris leurs vols et les touristes arrivent au compte-goutte.

« Depuis la réouverture de l’aéroport, on a essayé de rouvrir notre établissement, mais c’est la catastrophe, on tourne à perte, car il n’y a personne », constate Sybil Cardon, également présidente de l’Association de l’hôtellerie et du Tourisme des Seychelles (SHTA).

Directrice du centre de plongée Equinoxe à Beau Vallon, Manuela Alcaniz « a constaté une légère amélioration depuis l’ouverture de l’aéroport, mais rien de significatif ».

Non loin, au restaurant Boat House, « aujourd’hui, on n’a qu’un seul client; normalement en octobre on est complet », constate Françoise Mancienne, sa gérante.

Malgré les aides de l’Etat pour payer les salaires, hôtels et restaurants ont dû se séparer d’une partie de leurs effectifs.

Sybil Cardon a licencié 10% du personnel de son hôtel, Les Lauriers, sur l’île de Praslin, tandis que le Boat House a gardé ses salariés mais se passe des extras employés à mi-temps le soir.

Reconversion

Plus de 700 Seychellois ont perdu leur emploi dans le secteur de l’hôtellerie et du tourisme.

Selon le NBS, l’industrie de l’hébergement et de la restauration employait plus de 12% de la population active avant l’épidémie et le secteur de la culture, du divertissement et des loisirs plus de 3%.

Les salariés privés d’activité par la crise sanitaire ont fait passer le taux de sans emploi à 6,3% contre 4,8% au 1er trimestre, selon le NBS.

Depuis le 1er juillet, le gouvernement a mis sur pied un « Programme de transition professionnelle » (Sets) à leur intention: l’Etat verse leur salaire en échange du suivi d’une formation, d’un perfectionnement ou d’une mise à niveau.

« Actuellement, s’il n’y avait pas d’aide, je ne sais pas dans quelle situation je me trouverais pour rembourser mon prêt et subvenir aux besoins de mes enfants », explique Sheila Marie qui travaillait à la comptabilité d’un hôtel et suit désormais une formation en gestion de paie.

« Cela devrait me donner suffisamment de bagage pour pouvoir trouver un autre emploi », si l’activité ne reprend pas d’ici le 31 décembre, fin prévue du programme, ajoute la jeune femme.

Les autorités espèrent un retour des touristes en décembre, à la haute saison, avec la reprise des vols de la majorité des compagnies aériennes vers les Seychelles, destination haut de gamme. Mais certains acteurs du secteur se montrent pessimistes.

« Les compagnies aériennes qui viennent dans le pays n’ont que 50 personnes à bord, j’ai peur qu’elles arrêtent de venir », s’inquiète Sybil Cardon.

Sans compter que l’Europe, d’où viennent l’essentiel des touristes, fait face à une seconde vague de contaminations.

Les conditions d’entrée dans l’archipel, où seuls 149 cas ont été enregistrés, sont draconiennes. Seuls les voyageurs en provenance d’une liste limitée de pays sont autorisés à débarquer, munis d’un test négatif au Covid-19 datant de moins de 72 heures.

Mais ceux arrivant de France, du Royaume Uni et des Emirats doivent désormais présenter un test de moins de 48H et rester cinq jours, sans en sortir, dans un hôtel agréé.

Un frein pour de nombreux touristes de ces trois pays qui ont fourni en 2019 un quart des visiteurs de l’archipel.

Manuela Alcaniz, elle, voit l’avenir « d’une manière très positive »: vue la situation, « les choses ne peuvent qu’aller en s’améliorant ».

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