« Je ne gagne pas d’argent en Russie, donc personne ne peut me dire que je finance la guerre ! » La déclaration du PDG d’Accor, Sébastien Bazin, samedi 2 avril sur France Inter faisait écho aux propos du président ukrainien Volodymyr Zelensky devant le parlement français, le 23 mars, lorsqu’il demandait à « Renault, Auchan, Leroy Merlin et les autres de cesser d’être les sponsors de la machine de guerre russe. »
Rattrapé par les effets en chaîne de ce que le Kremlin, dans sa litote officielle, nomme son « opération militaire spéciale » en Ukraine, le patron du géant français de l’hôtellerie ajoutait : « Je ne paie pas d’impôts parce que j’y perds de l’argent, on est à 32 % de taux d’occupation alors qu’on commence à gagner de l’argent à 55 % », assurant en outre rendre « des services extrêmement précieux voire indispensables » en Russie comme ailleurs.
Pas d’hôtel en propre
Sébastien Bazin justifiait ainsi la nouvelle ligne de conduite du groupe , actée dès la mi-mars quand un de ses responsables à Moscou disait aux « Echos » : « On reste, mais on suspend tous les contrats pour de futurs projets d’ouverture. » En clair, Accor gèle ses nouveaux projets de développement. Tel est le compromis du groupe hôtelier qui a fait depuis dix ans de la Russie une de ses priorités.
Dans ce pays, jusqu’ici eldorado complexe et abrasif, le champion français de l’hôtellerie , numéro six mondial de son secteur, ne possède pas d’hôtel en propre. Avec près de 4.000 employés, il est gestionnaire de 57 établissements au terme de contrats de services signés avec les propriétaires, soit des individus soit des sociétés immobilières. Aucun n’a fermé. Le groupe a, par ailleurs, suspendu son association avec Aeroflot, la principale compagnie aérienne russe.