- Publicité Top Ad -

Jeudi matin, Maider Arostéguy, maire de Biarritz, a inauguré un rendez-vous mensuel donné aux médias. A la veille du conseil municipal, l’élue a détaillé le « gros dossier d’actualité » : l’avenir de l’Hôtel du Palais. En préambule, Maider Arostéguy a rappelé que l’hôtel de luxe n’a pas été épargné par la crise sanitaire puisque les travaux de rénovation ont été interrompus durant le confinement. Le palace n’a donc pas ouvert ses portes durant la saison estivale. Les pertes économiques ont été évaluées à près de 7 millions d’euros.

Un surcoût de travaux évalué à 10 millions d’euros

C’est dans ce contexte de « trésorerie tendue » que la ville de Biarritz doit désormais faire face à un nouveau surcoût des travaux de près de 10 millions d’euros. Ce projet de restauration de l’hôtel de luxe, qui ne devait à l’origine pas dépasser les 50 millions d’euros selon l’exécutif précédent, aurait dû finalement avoisiner un coût total de 85,6 millions d’euros selon un document dévoilé par MEDIABASK en octobre 2018.

« Un bâtiment de cette nature et de cet âge engendre un dépassement de travaux. Le lifting profond a mis en exergue des travaux bien plus importants. Le taux d’endettement maximum autorisé de la Ville étant proche, nous avons dû chercher des subventions et non des prêts », explique la nouvelle édile, qui avoue avoir « tiré la sonnette d’alarme durant l’été ».

Ce surcoût des travaux est engendré par la découverte sous les planchers des deuxièmes et troisièmes étages de l’aile nord d’une ossature en mâchefer dont les poutres sont corrodées, ce qui nécessite de reconstruire au lieu de restaurer sur l’existant.

La Caisse des dépôts et des consignations entre au capital

Dans l’impossibilité d’emprunter à nouveau après des emprunts avoisinant déjà les 50 millions d’euros pour ces travaux, la Ville de Biarritz s’est donc efforcée de trouver de nouvelles sources de financement. « Un travail colossal quotidien » selon la nouvelle maire de Biarritz. Les banques, l’actionnaire minoritaire, JC Decaux, le Région Nouvelle-Aquitaine, la Caisse des dépôts et consignations (CDC)… Tous ont été sollicités par Maider Arostéguy. Cette dernière a même été jusqu’à « toquer à la porte de Bercy », profitant d’une visite au Pays Basque du ministre français Bruno Lemaire.

« Le plan de relance de 100 milliards d’euros présenté par le préfet et l’Etat français via la sous-préfecture va nous accompagner pour identifier les financements qui pourraient nous aider à obtenir plus d’argent que ce que nous donnent les banques et notre partenaire. Un partenaire d’un grand soutien et d’une grande élégance qui a répondu présent », souligne Maider Arostéguy au sujet de JC Decaux.

Ainsi, « non sans difficultés », la Caisse des dépôts et des consignations (CDC) va racheter une partie des actions de la Ville de Biarritz acquise à la Compagnie du Louvre et une partie des actions de JC Decaux pour un montant total de 1,23 millions d’euros, soit deux fois 615 000 euros. La CDC entre donc au capital à hauteur de 2,74 %. « S’il n’y a pas d’augmentation de capital et que la répartition bouge, un nouveau pacte d’actionnaires est donc obligatoire ».

« L’équilibre reste respecté », selon Mme Arostéguy. La ville reste largement majoritaire avec 57,2 % des parts contre un peu plus de 58 % avant l’entrée de la CDC au capital. « La Caisse des dépôts vient en équilibrage, l’Etat amène sa puissance et sa capacité d’aide. C’est symbolique mais rassurant « , ajoute la maire de la Cité impériale.

7,7 millions d’euros sur le compte courant d’actionnaires

L’entrée en jeu de la CDC s’accompagne de plusieurs apports au compte courant d’actionnaires de la part des trois parties. En plus du rachat des actions, la Caisse des dépôts et des consignations apporte 1,3 millions d’euros. La Ville contribue à hauteur de 2,4 millions d’euros provenant d’un emprunt précédent et de la recette de la vente des actions. Alors que JC Decaux ajoute quatre millions au pot « sans contrepartie ».

Cette enveloppe globale de 7,7 millions d’euros va donc permettre de lancer la phase de travaux « T3 Bis » afin de terminer 110 chambres sur les 142 prévues initialement. Ces chambres devraient être terminées au printemps 2021 afin de pouvoir ouvrir l’hôtel Hayatt en 2021 à Pâques.

Une dernière phase de travaux reste à financer

Ensuite, l’hôtel fermera à nouveaux ses portes à l’hiver 2021 pour une dernière phase de travaux afin de terminer les 32 chambres restantes. Des financements seront encore à trouver pour ces travaux complémentaires. La Mairie de Biarritz envisage de se tourner vers une aide de l’Union européenne via la Région. « Nous sommes tenus par les banques de terminer les 142 chambres, nous avons une obligation vis-à-vis d’elles, mais aussi de notre partenaire Hyatt durement touché par la crise ». Les trois hôtels parisiens du groupe auraient un taux de remplissage de 10 % seulement.

L’Hôtel du Palais à Biarritz emploie en temps normal 130 personnes en CDI, et plus de 200 en haute saison. Ces chiffres en fait l’un des employeurs les plus importants de la Ville en dehors des structures de soins.

La question de la vente des parts de la Ville soumis au référendum

Interrogé sur le sujet de la vente éventuelle des parts que la Ville détient à travers la Socomix, Maider Arostéguy a répondu que la question s’est « posée durant la campagne car la Socomix, c’est la ville et les Biarrots derrière ». Si pour la maire de Biarritz, la question n’est pas à l’ordre du jour, elle avoue tout de même que « ce n’est pas à une ville d’être actionnaire majoritaire dans un palace. Je le pense de moins en moins ».

Une chose est certaine, pour la maire actuelle, la Ville de Biarritz ne se séparera pas des murs du palace qui lui appartiennent. Un bail emphytéotique de 75 ans est en cours avec le gestionnaire Hyatt Hôtels. « Si nous devions vendre nos parts, je consulterai les Biarrots par référendum comme je m’étais engagée lors de la campagne, rappelle Maider Arostéguy. L’Hôtel du Palais et la Cité de l’Océan sont les deux sujets qui peuvent faire l’objet d’une consultation des habitants ». Les actions détenues par la Ville dans la Socomix représentent 90 millions d’euros « avec de l’endettement ».

« Si nous vendions nos parts, ce serait durant la pire période pour l’hôtellerie de luxe et avec une rénovation encore en cours. La question n’est donc pas sur la table. Le précédent maire a fait le choix d’une ville actionnaire majoritaire. Nous récupérons ce dossier au pire des moments. Mais si nous devenions minoritaires, nous ne serions plus maîtres de l’avenir de l’Hôtel du Palais », conclut Maider Arostéguy.

- Publicité 4 -