Les images sont tristes, mais l’espoir est encore permis. Le Deauville Hotel de Miami (Floride) est en cours de démolition. Construit en 1957 sur le front de mer de North Beach, il est pourtant un des emblèmes du style MiMo (Miami Modern) imaginé dans l’après-seconde guerre mondiale par de jeunes architectes adeptes de formes géométriques et spectaculaires. Une part de l’histoire de Miami s’est écrite dans cet établissement qui a accueilli le président Kennedy, Frank Sinatra, les Beatles ou Sammy Davis Junior pour des soirées mémorables.
Acheté en 2004 par le milliardaire cubain-américain Alex Meruelo et fermé depuis 2017 à la suite d’un incendie d’origine électrique déclenché lors du passage de l’ouragan Irma, l’immeuble est, clame son propriétaire, dans un état de délabrement si avancé qu’il serait impossible de le sauver. Un argument souvent utilisé par les promoteurs de la ville pour détruire des bâtiments historiques afin de construire à leur place des immeubles neufs plus grands, plus chers…
L’argument de la sécurité pour faire table rase du passé
Le Deauville Hotel est devenu ces dernières semaines le symbole de cette évolution que combat depuis des années la Miami Design Preservation League. Fondée en 1976 par une passionnée d’architecture, l’association lutte pour la sauvegarde des constructions historiques de la célèbre ville du sud de la Floride. Elle a déposé « un recours auprès de la mairie pour arrêter la démolition » du Deauville, explique Daniel Ciraldo qui est à la tête de l’association depuis 2017.
Ce natif de Miami Beach a travaillé un temps à Wall Street avant de revenir s’installer en Floride il y a une dizaine d’années. « Ils ont déjà abattu la façade emblématique du Deauville – qui pourra facilement être reconstruite – et s’en prennent maintenant au lobby, avec ses magnifiques chandeliers », poursuit-il.
Depuis le drame de Surfside, en juin 2021, lors duquel l’effondrement d’un immeuble a coûté la vie à 98 personnes, le sujet de la sécurité est brandi par des promoteurs avides de faire table rase du passé. Parfois avec une malhonnêteté à peine dissimulée. Pour faire valoir la cause du Deauville, la Miami Design Preservation League a engagé un ingénieur pour dresser une contre-expertise (qui conclue qu’il n’existe pas de risque d’effondrement imminent) et déjà déboursé 20 000 dollars (19 200 euros) en frais d’avocats pour contester la décision. « Ces immeubles n’ont pas de voix. Nous sommes leur voix », plaide Daniel Ciraldo.(…) Lire la suite sur Le Monde