Avec le deuxième confinement et la fermeture de Disneyland Paris, c‘est un nouveau coup dur pour l‘hôtellerie du Val d‘Europe, déjà très affectée par l‘arrêt du printemps.
« La situation est dramatique, c’est la mort du petit cheval », s‘alarme Jean-Marc Banquet d‘Orx, président de l‘Union départementale des Métiers de l‘industrie hôtelière (UMIH 77). À nouveau mis à l‘arrêt avec ce nouveau confinement, les nombreux hôtels qui gravitent autour du parc d‘attractions vont continuer à enregistrer des pertes colossales.
Nouveau coup d’arrêt
« Depuis les annonces, on reporte, on annule les réservations. Toutes les offres sont aujourd’hui plus flexibles donc c’est plus simple et plus rapide », raconte Luc Jourquin, directeur général de l’Hôtel Relais Spa à Chessy.
Pourtant, cette fois, les hôtels sont autorisés à accueillir une clientèle amenée à se déplacer pour le travail. Pour Jean-Marc Banquet d‘Orx, l‘opération est compliquée: « On ne peut pas rester ouvert pour deux ou trois chambres, ce n’est pas possible. À la limite les hôtels proches d’hôpitaux peuvent rester ouverts pour accueillir les soignants, là c’est utile ».
Luc Jourquin va dans le même sens. « Les dirigeants des entreprises doivent prendre la responsabilité des déplacements de leurs salariés, beaucoup ne veulent pas prendre ce risque et annulent les déplacements ». Son hôtel a donc fermé, d‘autant qu‘avec l‘offre de spa interdite depuis le couvre-feu, le gérant ne voit pas bien ce qui pourrait attirer ses clients. « Toute notre activité est liée aux déplacements, ce qui est proscrit en ce moment, le calcul est simple ».
Un contexte déjà compliqué
Depuis la première vague de la pandémie, le tourisme n‘est jamais reparti. Disneyland Paris, la locomotive touristique du secteur peinait elle-même à remplir ses deux parcs alors même que la jauge était réduite à 25 000 visiteurs par jour.
Vu qu’on partait de 0, on était quand même contents de faire, 25 à 30 % de l’activité. Mais concrètement, cela représente un chiffre d’affaires qui tombe de 1,2 million à 400 000 €. Sur le secteur, Disney représente la moitié de la fréquentation hôtelière.
En soulignant que les autres points d‘attraits des touristes, comme la Vallée Village, tournent peu faute de clientèle étrangère.
Si Disneyland Paris semble déjà anticiper une fermeture prolongée pour les fêtes, ce gérant d‘hôtel se demande s‘il ouvrira lui-même : « Pour les fêtes de fin d’année, la clientèle est à 80 % touristique ici. Rien que pour la décoration, nous dépensons généralement 8 000 à 10 000 €. Nous avons en plus des frais supplémentaires de nettoyage et de désinfection, la situation est compliquée ».
Impact sur la vie locale
Les hôtels peuvent compter sur le chômage partiel et sur les aides pour amortir les pertes mais l’inquiétude des professionnels persiste : « Le chômage partiel est une variable d’ajustement mais il ne faut pas croire que ça ne nous coûte rien. Au Relais Spa, nous avons 140 salariés », explique le gérant de cet hôtel de 220 chambres luxueuses.
Mais il n’y a pas que pour les professionnels que ce nouveau coup d’arrêt est inquiétant. Les collectivités locales souffrent elles aussi de ce manque à gagner. 75 % des recettes fiscales des communes du territoire sont liées au tourisme, comme le rappelait encore récemment Philippe Descrouet, maire de Serris et président de l‘agglomération.
Le tourisme en berne, c’est autant de taxes de séjour en moins. Sans compter l’impact sur tout le tissu économique local, habituellement drainé par ce flux de voyageurs étrangers.