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Comment la crise actuelle a renforcé la notion de proximité

Essor du commerce local, relocalisation de la production, aide aux personnes isolées, retour en force du local en politique, la crise que nous traversons a consacré la proximité comme valeur phare pour la redynamisation des territoires. Une valeur que porte La Poste depuis des décennies et qui en a fait un des vecteurs essentiels de son développement.

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En cette fin avril, la petite ville de Richelieu en Indre-et-Loire est confinée comme ailleurs. Le ciel bleu et le soleil mettent en valeur le magnifique ensemble architectural du XVIIe siècle de cette bourgade de 1 800 habitants.

C’est jour de marché ce vendredi sur cette place carrée, bordée de commerces, mais la fleuriste, l’hôtel du Puits doré ou la bonneterie sont évidemment fermés. Les quelques points de vente « essentiels » restés ouverts comme les boulangeries, la maison de la presse, la supérette sont pris d’assaut au détriment du Leclerc de Chinon, situé à 20 km.

Hervé Novelli, le maire de la ville, le constate : « L’aspiration qu’on sentait pour le local va se trouver grandie. » L’édile, qui fut secrétaire d’État au commerce, a veillé à ce que les producteurs locaux puissent vendre leurs légumes sur le parking de l’Intermarché et les livrer.

La proximité n’a jamais eu autant d’importance que durant cette crise : les discussions entre voisins, la volonté de faire revenir d’Asie la fabrication des masques ou la redécouverte des produits locaux, parfois vendus en ligne, en sont quelques marqueurs. « La vente à distance n’est plus antinomique du local, les magasins peuvent faire les deux », explique Géraud Felgines, le directeur marketing services et solutions des nouveaux services à La Poste, qui s’est associée à la plateforme Ma Ville Mon shopping pour développer la consommation locale grâce au click and collect.

Durant cette période inédite, la France se tourne donc vers les circuits courts. Des magasins de centre-ville, parfois débordés, ont vu leurs ventes grimper jusqu’à 30 %… Une croissance complétée par le recours au « drive » qui a doublé. Cette tendance devrait se poursuivre, selon Rodolphe Bonnasse, expert de la distribution : « Ces microzones de chalandise vont perdurer. Y compris dans la grande distribution où les producteurs locaux se sont sentis bien traités. »

On refait les courses à côté de chez soi, par nécessité, mais aussi par souci de transparence. « Les clients veulent un produit dont ils connaissent l’origine », confirme David Soulard, le directeur général des meubles Gautier. Et peu importe que la caissière soit isolée derrière une paroi, plaide Denis Gancel, le président de l’agence W : « Le Plexiglas n’est pas contraire à la proximité, il accentue le sourire. »

Bien sûr, acheter français a un coût, ainsi les fruits et légumes ont connu une hausse moyenne de 20 %. Les Français touchés par le chômage seront-ils toujours animés par cette conscience du local, une fois la crise derrière nous ? Pas sûr, doute l’économiste Nicolas Bouzou qui se demande si « le consommateur sera prêt à payer pour ça ».

Parmi les « commerces » jugés essentiels qui sont restés ouverts, il y avait évidemment les 22 000 officines où les pharmaciens ont été rapidement sollicités pour répondre à l’inquiétude légitime des Français en apportant un conseil accessible au pied de chez soi…

Cette période a vu aussi cette notion de proximité associée à celle de solidarité. On pense par exemple à ceux qui ont tendu spontanément la main à leur voisin – isolé, en situation de dépendance – en leur proposant de leur faire des courses… De beaux gestes venant en complément d’offres existantes renforcées à l’occasion de cette crise. C’est le cas de La Poste qui, face au vieillissement de la population, accompagne déjà les personnes âgées au travers d’offres telles que le portage à domicile ou l’aide-ménagère avec Axeo Services, une visite régulière du facteur avec Veiller sur mes parents, ou encore la livraison de matériel médical avec Asten Santé et DiaDom.

Cette proximité qui se réaffirme pourrait créer de nouveaux emplois, par exemple dans la livraison.

Elle est également au service de la qualité de vie, car derrière ces boucles courtes se dessine une solution à la limitation des émissions de CO2 et à la congestion des centres-villes. C’est ce que défend La Poste qui est engagée dans une politique RSE volontariste. Le Directeur général de la branche Services-Courrier-Colis, Philippe Dorge, le clame : « Nous sommes fiers de notre neutralité carbone, de notre trajectoire de diminution de nos émissions et de nos innovations dans ce domaine. »

Enfin, la proximité est au service des collectivités : les élus ont été nombreux sur le terrain durant ces deux mois, en appoint des actions de l’État. « Cette crise va être porteuse de nouveaux équilibres avec des régions qui se positionnent comme les Länder allemands », assure Olivier Sichel, président de la Banque des territoires qui soutient la redynamisation de villes moyennes avec son Action cœur de ville. Sa tâche pourrait être facilitée par des mouvements de population des grandes métropoles vers des villes à dimension plus humaine. Tant qu’à être confiné en faisant du télétravail, autant l’être dans un logement plus vaste avec jardin, dans des villes plus abordables financièrement que Paris, comme Fontainebleau, Rambouillet ou Palaiseau. Des agglomérations comme Chartres, Troyes, Orléans pourraient elles aussi profiter d’une forme d’exode urbain, même si, selon l’expert immobilier Henry Buzy-Cazaux, il ne devrait pas y avoir de bascule immédiatement.

Du côté de la Banque des territoires, on espère pourtant qu’un cercle vertueux apparaisse dans ces villes moyennes, majoritairement dominées par le « drive ». De nouvelles zones de chalandise vont se créer en lien avec le développement du numérique. Les commerçants locaux feront livrer les produits à ces nouveaux « télétravailleurs » avec les grands acteurs du secteur. À l’instar de La Poste qui, durant cette crise, a été sollicitée par des collectivités pour livrer des personnes isolées, comme dans les cinquante-trois communes de la communauté de Saint-Flour avec les services Proxi course commerçants et Les Petits Plats portés. L’entreprise se voit d’ailleurs comme un acteur de cette transformation, se positionnant au cœur des grandes innovations en cours de la distribution telles que le drive piéton, le commerce de bouche local, ou encore les services de livraison de proximité.

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