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Interview de la semaine : Christian Collot, le décorateur 5 étoiles qui réveille Montpellier

Le décorateur d'intérieur Christian Collot nous reçoit au sein de l'Hôtel Richer de Belleval et nous offre une visite guidée "stylée" des lieux.

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Iconoclaste assumé, fashionista décomplexé, rêveur tendance « carrément frappé », Christian Collot coiffe et décoiffe, drape et dénude, vêt et revêt les intérieurs presque aussi vite qu’il change de tenue. Angoissé par le vide, captivé par le beau, de cet hôtel particulier qu’il nous présente aujourd’hui, il a fait un palais où le temps s’est arrêté. Bienvenue à Richer de Belleval, le 5* qui relie Montpellier à son histoire et permet à Christian Collot d’écrire la sienne, y compris désormais sur la scène internationale.


INTERVIEW

Métropolitain : Christian, il se dégage de Richer de Belleval une atmosphère très particulière que j’ai du mal à décrire.

Christian Collot : Peut-être parce que le parti pris a été, dès le départ, de cultiver la différence, de se démarquer. Pas pour se faire voir, mais pour donner à voir. On est quand même ici dans un bâtiment historique classé, au passé prestigieux, à l’histoire séculaire mais malgré tout récente, puisqu’il s’agit de l’ancienne mairie de Montpellier, que certaines personnes ici ont connu très personnellement. Alors forcément, les souvenirs ressortent… La rénovation ambitieuse qui a été entreprise interpelle. Des moulures originelles tutoient des œuvres d’art ultra-contemporaines, un mobilier singulier et des pièces décoratives tantôt minimalistes tantôt carrément extravagantes. D’un ensemble très classique, magnifique mais terriblement ennuyeux, on a fait un tableau curieux et décalé où chaque détail compte.

« J’ai de nombreux défauts, mais, pas celui d’être ennuyeux. La vie est trop courte pour s’ennuyer, tu ne trouves pas ? J’aime être en mouvement, avoir l’esprit occupé. Or, j’ai remarqué que dans un hôtel, que ce soit à la réception ou au restaurant, on passe souvent du temps à attendre… »

Christian CollotDécorateur. Hôtel Richer de Belleval – Montpellier
Le détail, c’est aussi l’accumulation d’objets variés. On le voit dans l’espace bar.Je dois reconnaître que le vide m’angoisse terriblement et que je me suis lâché dans la décoration de cette pièce. Il faut admettre que le potentiel y est incroyable : un plafond vertigineux au somment duquel culmine cette fresque, sublime, de Yann Fabre. Des dizaines de milliers de coquilles de scarabée y composent un phœnix flamboyant qui nous observe de là- haut. Il me fallait une décoration à la hauteur de cette œuvre, qui réussisse l’exploit d’exister individuellement tout en sublimant le travail de l’artiste. C’est l’idée de cette bibliothèque monumentale. Elle amène les regards vers le ciel et invite à la contemplation. L’ambiance, ici, est volontairement masculine. Un brin club cigare, avec un soupçon de magie version Harry Potter. Et toujours des références au passé des lieux. Ici, la Marianne des salles de mariage. À l’endroit exact où elle s’est toujours tenue.

On ne doit pas s’ennuyer, quand on travaille avec toi.

J’ai de nombreux défauts, mais, pas celui d’être ennuyeux. La vie est trop courte pour s’ennuyer, tu ne trouves pas ? J’aime être en mouvement, avoir l’esprit occupé. Or, j’ai remarqué que dans un hôtel, que ce soit à la réception ou au restaurant, on passe souvent du temps à attendre… Tout le monde déteste ça, attendre, non ? À Richer de Belleval, j’ai voulu que ça devienne un plaisir, qu’on en regrette presque d’être interrompu en pleine contemplation du décor.

Quel est le plus beau compliment qu’on puisse te faire ?

« Je n’ai jamais vu ça ailleurs ».

Pas « c’est magnifique » ?

Je n’ai pas la prétention de détenir les clés de la beauté universelle. Je plaide coupable de marier des pièces de très bon goût avec d’autres d’un goût disons plus… discutable. Mon but, c’est d’interpeller et qu’on s’en souvienne. God, la différence, pas l’indifférence !

Au risque d’être terriblement banal, je trouve quand même tout cela très beau.

Qu’est-ce qui te plaît en particulier ?

Le contraste entre les espaces, le mélange des genres et cette atmos- phère étrange que je décrivais au début de la visite. L’impression d’être dans une maison bourgeoise, pas dans un hôtel.

Alors, j’ai réussi ma mission. Car c’était vraiment mon intention de départ : aborder les lieux comme une vieille maison de famille qui inspire à la fois la nostalgie et un « je ne sais quoi » de nouveauté. Il y a très peu de places assises au restaurant et seulement 20 chambres. C’est volontaire, ça doit rester intime, familial. Les clients de l’hôtel doivent avoir cette sensation de « descendre dîner », puis de regagner leur chambre comme s’il étaient chez eux. C’est pour cela que chacune d’elle est différente. On peut séjourner vingt fois ici et s’étonner autant. Pour autant, je veux qu’on se sente bien. OK, c’est un hôtel, mais dans ta chambre, tu dois te sentir comme à la maison, comme chez notre fameuse Tata Huguette. Il y en a une par famille, non ? Un peu de kitsch, de velours, un lustre à pampilles, des plantes vertes, une lampe à 30 balles à côté d’un bureau en bois naturel avec une chaise dépareillée, ça fonctionne ! Dans l’exercice de style et dans le standing, on répond aux codes du luxe, mais dans la signature, c’est Christian Collot style.

Tu oublies d’évoquer le côté jobard.

(sourire) Merci du compliment. C’est vrai que dans cette maison, notre chère tata Huguette a peut-être abusé de substances illicites. Je dis ça car pour contrebalancer le romantisme à la française et les éléments de décoration classiques, elle s’est autorisée quelques folies, enivrée par la fondation d’art contemporain qu’elle a découvert au rez-de-chaussée. La Suite 14, par exemple, je l’ai voulue plus « explosive », esprit Alice au Pays des merveilles. On a des tapis Christian Lacroix avec des explosions de couleur, quelques pièces contemporaines shoppées chez RBC… On n’est jamais à l’abri d’un client qui séjourne à l’année dans ce genre de suite alors j’ai fait exception aux monochromes qui caractérisent les 19 autres chambres.

Renoncer, c’est choisir. Ça demande une certaine forme d’assurance.

J’ai beaucoup évolué sur ce sujet car je suis totalement autodidacte. Et comme beaucoup d’autodidactes, j’ai longtemps ressenti le syndrome de l’imposteur. Pour que j’ose décorer pour la première fois, il a littéralement fallu qu’on me pousse. En cela, je remercie Bertrand Fassio qui un jour m’a proposé de redécorer entièrement sa maison. J’ai spontanément refusé mais face à son insistance, j’ai fini par accepter. Son sourire au moment de découvrir les lieux a fait jaillir la lumière dans mon esprit : « et si j’en étais finalement capable ? ». À partir de là, j’ai commencé à oser. Un projet après l’autre. Du Terminal#1 à Richer de Belleval en passant par le château de l’Hospitalet. De la France aux États-Unis…

« Mon projet proche ? Faire du Noël à Richer de Belleval le plus féérique de tous. J’y travaille déjà. Et pour demain ? La décoration complète, du sol au pla- fond, d’un 5* en Polynésie française, d’où je suis originaire ».

Christian CollotDécorateur. Hôtel Richer de Belleval – Montpellier 
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