«Le monde a changé. Les attentes des collaborateurs aussi. Dans toutes les industries, nombreux sont ceux qui ne veulent plus accepter les sacrifices et contraintes personnelles qui ont été les leurs pendant des années», explique Sébastien Bazin. L’hôtellerie a besoin de «plus de 100.000» salariés, et chaque établissement tricolore doit composer avec «15 à 30%» des effectifs manquants, estime le PDG. «C’est un désastre», déplore-t-il, ajoutant que cette tendance s’observe aussi dans d’autres pays.
En outre, les réponses sont difficiles à trouver : la majeure partie des entreprises sont exsangues, mises à terre par l’épidémie, et ne peuvent pas augmenter les salaires pour attirer davantage de candidats, argumente l’homme d’affaires. Le métier est aussi exigeant et contraignant, tant sur le plan des horaires que de la charge de travail. Et la pandémie a conduit des salariés à se remettre en question. «Une grande partie des collaborateurs […] sera néanmoins de retour à l’automne», mais certains ne reviendront pas, nuance Sébastien Bazin.
Le patron d’Accor regrette également un manque de «réciprocité» de la part des employés : «nous avons été là pour nos équipes, nous aurions aimé qu’elles soient au rendez-vous au moment où nous avons le plus besoin d’elles […] Le retour de tous nos collaborateurs est une condition impérieuse au rebond de notre activité», souligne-t-il.
Une crainte large des employeurs
Les inquiétudes du dirigeant du groupe hôtelier ne sont pas isolées : un large pan de l’économie connaît aujourd’hui des difficultés pour recruter du personnel qualifié. Il s’agit même de la «principale menace sur la reprise», selon le gouverneur de la Banque de France : plus de quatre entreprises sur dix ont «déjà des difficultés de recrutement», alerte François Villeroy de Galhau. Malgré son taux de chômage élevé, la France fait face à un goulot d’étranglement, un paradoxe «inacceptable économiquement et socialement», juge le gouverneur. «On pourrait former mieux les jeunes et parfois les adultes», suggère-t-il.(…) Lire la suite sur Le Figaro