« Ils tombent des nues. » À chaque fois que Karina Goffi appelle l’un de ses saisonniers, la réaction est la même : « Ils n’arrivent pas à croire que leur contrat de travail a débuté mais qu’ils peuvent rester chez eux. » Il faut dire que cette hôtelière installée à Folelli, présidente départementale de l’Union des métiers et industries de l’hôtellerie (Umih 2B), n’a pas perdu de temps. La nouvelle à peine connue, elle a choisi d’actionner le nouveau dispositif mis en place au profit des travailleurs saisonniers.
Ce mardi, la ministre du Travail, Élisabeth Borne, a annoncé que les employeurs peuvent désormais avoir recours à l‘activité partielle pour les salariés embauchés dans le cadre d’une activité saisonnière.
Chose exceptionnelle, le mécanisme s’applique également aux contrats non encore exécutés. En clair : l’employé peut être mis au chômage partiel dès son embauche. « Il s’agit de permettre aux entreprises de préparer la saison, explique Patrice Bossart, le secrétaire départemental de la CGT Corse-du-Sud et membre de la direction centrale du syndicat en charge des saisonniers.
Dès le début du contrat de travail, l’employeur peut déclencher l’activité partielle et bénéficier d’une prise en charge des salaires par l’État. Il peut le faire à 100 % si son activité n’a pas encore démarré mais il peut également y avoir recours de manière modulée si l’activité reprend de manière plus progressive. »
« Cela permet de constituer nos équipes »
Prévu pour durer jusqu’à la fin du mois de juin, le nouveau dispositif est une réponse aux incertitudes entourant, contexte sanitaire oblige, le déroulement de la prochaine saison estivale.
« Cela nous permet, en attendant les annonces du gouvernement sur les modalités de notre reprise d’activité, de pouvoir constituer nos équipes pour la saison, explique André d’Oriano, restaurateur à L’Île-Rousse et président de la commission plage à l’Umih. Ce n’est pas trop tôt. Il faut savoir qu’en temps habituel, on reçoit les premières demandes d’emploi dès le mois de janvier. »
Et l’avantage n’est pas que pour les employeurs. Avec la récente réforme de l’assurance chômage, la durée de travail exigée pour bénéficier d’une ouverture de droits à l’assurance chômage passe de quatre à six mois. En permettant les embauches malgré l’absence ou la réduction d’activité des entreprises, le mécanisme imaginé par le ministère du Travail pourrait sauver la mise à bien des saisonniers menacés d’être privés de droit faute d’activité suffisante. « Un salarié embauché à la mi-avril, s’il travaille jusqu’à la mi-octobre, aura capitalisé suffisamment de droits pour se voir ouvrir des droits à indemnisation », se réjouit Karina Goffi. (…) Lire la suite sur Corse Matin