La sortie de crise est mouvementée pour AccorInvest, le premier propriétaire et exploitant d’hôtels en Europe. Le groupe immatriculé au Luxembourg, qui gère notamment 311 hôtels en France sous la marque Accor – actionnaire d’AccorInvest à hauteur de 30 % –, est contraint de jouer les équilibristes entre la relance de l’activité, un désendettement à marche forcée et la maîtrise des dépenses. Conséquence : un climat d’inquiétude en interne, où domine le sentiment de travailler « pour une entreprise en décroissance », selon les mots de Gilles d’Arondel, délégué syndical Force ouvrière (FO). Le nombre d’employés est passé de 30 000 en 2019 à 23 000 aujourd’hui.

AccorInvest a bénéficié du rebond de l’activité en 2021, avec une hausse de 42 % de son chiffre d’affaires. Mais, à 1,7 milliard d’euros, il reste loin des 4 milliards annuels enregistrés avant la pandémie de Covid-19. Malgré un second semestre positif, le groupe est resté dans le rouge sur l’ensemble de l’année en raison des confinements de la première moitié de 2021, précise au Monde Gilles Clavie, le directeur général du groupe. « On est en train de se reconstruire et de se redimensionner réellement plus vite que prévu », assure-t-il.

Arrivé en juillet 2020, M. Clavie a hérité d’une société en pleine hémorragie de liquidités et a dû contracter un prêt garanti par l’Etat de 477 millions d’euros, le plus gros du secteur. Comme Accor, ses actionnaires étrangers – l’américain Colony Capital et les fonds souverains d’Arabie saoudite et de Singapour – ont contribué à une augmentation de capital équivalente.

« Pas de rentabilité opérationnelle suffisante »

Le niveau de dette du groupe n’est pas alarmant, souligne M. Clavie, avec un ratio d’endettement net de 50 %. Mais le désendettement est érigé en priorité. En quinze mois, AccorInvest a vendu pour 300 millions d’euros de murs et fonds de commerce, en quittant l’Australie et l’Afrique. Un objectif de 750 millions d’euros de cessions d’ici à fin 2023 a été annoncé aux syndicats. C’est en France que la saignée est désormais la plus vive. Ces dernières semaines, une cinquantaine d’hôtels de province, de l’Ibis au Pullman, ont été vendus, selon le décompte des syndicats.

Des actifs qui ne présentaient « pas de rentabilité opérationnelle suffisante », explique Gilles Clavie, ou pour lesquels « des investissements lourds étaient nécessaires ». Les fonds de commerce dont AccorInvest ne possède pas les murs sont également considérés à la vente, le groupe cherchant à réunir murs et fonds de commerce dans la majorité de ses hôtels. (…) Lire la suite sur Le Monde (réservé abonnés)