- Publicité Top Ad -

Cela dit, cette jeune femme explique avoir découvert un monde où la présence d’une femme était parfois mal acceptée. « J’ai côtoyé de nombreux cuisiniers attentionnés, témoigne Marion Goettlé. Mais j’ai aussi connu des restaurants où, dans un univers où certains peuvent exercer leur autorité de manière abusive, les femmes subissaient plus de brimades ou d’humiliations, de propos sexistes ou de gestes déplacés. »

Alors que les partenaires sociaux de la restauration et de l’hôtellerie négocient les salaires et les conditions de travail (lire les marques), de plus en plus de femmes révèlent des pratiques inacceptables. Sur le réseau social Instagram, le compte @Jedisnonchef rapporte des propos d’une brutalité violente : propos salaces, insultes physiques ou encore mains de chefs ou de collègues qui s’égarent…

« Les équipes vivent sous une pression constante, nous travaillons en horaires décalés, et certains hommes semblent compenser cette frustration en s’en prenant à leurs collègues féminines », précise Marion Goettlé. Il y a deux ans, elle et plusieurs autres chefs ont créé l’association Bondir.e pour prôner le respect et la bienveillance. Ils interviennent dans les écoles hôtelières pour sensibiliser les élèves, filles et garçons, et les préparer en cas de problème.

C’est le cas de Laurène Barjhoux qui, ancienne décoratrice, s’est reconvertie dans la restauration à l’âge de 30 ans. Cinq ans plus tard, cette cuisinière avoue : « Si j’avais commencé très jeune, je n’aurais pas eu les épaules assez fortes pour affronter cette ambiance : on a trop longtemps fermé les yeux sur la toute-puissance quasi militaire de certains dirigeants. » Natacha Collet se tourne vers la cuisine avec passion vers l’âge de 23 ans après des études de gestion et crée une entreprise de restauration après plusieurs années en restauration. « Nous ne voulons pas que les étudiants abandonnent leur passion pour la cuisine car ils se retrouvent face à des situations inacceptables »elle dit.

Au Syndicat des métiers et industries de l’hôtellerie, Delphine Mairiaux, vice-présidente du syndicat en Île-de-France, dénonce également l’inégalité professionnelle entre les hommes et les femmes. « Après trop d’années à dire que les femmes devaient rester dans leurs cuisines, on a presque atteint la parité dans le métier, elle soulève. Mais il n’y a que 16% de femmes chefs et les salaires des femmes sont en moyenne 20% inférieurs. » S’il considère que le harcèlement touche une minorité d’établissements, il appartient aux patrons d’être intraitables sur le comportement des équipes.

C’est aussi le credo du chef doublement étoilé Thierry Marx. « Le sexisme comme le harcèlement, que ce soit envers les filles ou les garçons, existe malheureusement dans toutes les professions, mais il est vrai que si l’on n’y prend pas garde, il peut facilement prospérer dans une cuisine où l’espace-temps est réduit lors des services », avoue-t-il, évoquant la pression ou la promiscuité. Le cuisinier a établi des règles strictes de comportement, comme l’interdiction des diminutifs ou des allusions au physique ou à la couleur de la peau… « Si vous ne faites pas attention, les choses peuvent très vite mal tourner », prévient Thierry Marx. (…) Lire la suite sur La Croix (réservé abonnés)

- Publicité 4 -