« Je suis fils de commerçants, petit-fils de commerçants. Je suis né dans cette famille où je voyais mon père, mes oncles, mes aînés faire du commerce. D’ailleurs, pendant nos vacances, dès que l’on avait un petit moment, on allait dans les boutiques de notre père, on vendait des tissus. Donc voilà, je pense que ma vocation a commencé là… »
Mossadeck Bally a dans les gènes une longue lignée de commerçants arabo-berbères, voyageurs et caravaniers ayant arpenté le Sahel pendant des siècles. Mais il possède, à la différence de ses ancêtres, une qualité peu commune : un esprit bâtisseur. Après des études de commerce en Californie et dix ans dans l’entreprise de son père, il entreprend une révolution copernicienne.
« J’estimais que je pouvais être beaucoup plus utile en m’investissant dans une activité industrielle qui crée plus de valeur ajoutée, plus d’emplois. Donc c’était vraiment une envie personnelle, une volonté personnelle d’avoir plus d’impact économique et social et de faire cette rupture avec le métier mon père. »
Nous sommes en 1993 et Mossadeck Bally a trente-deux ans. Il se lance dans l’hôtellerie haut de gamme, un secteur réservé jusqu’alors aux Occidentaux. Il s’y lance avec d’autant plus de volonté qu’un banquier français avait quelque peu blessé son orgueil.
« Le fait que ce banquier m’ait dit ‘vous les Maliens vous devez vous cantonner à acheter du riz et à distribuer du riz’, je n’acceptais pas que l’on nous cantonne à des activités peu génératrices de valeurs ajoutées, acheter et vendre. Et j’ai partagé avec mon équipe l’envie de dire, ‘puisque l’on pense que nous ne sommes pas capables d’être des hôteliers comme Hilton et Sheraton, que c’est trop complexe pour nous, et bien nous allons leur montrer que nous pouvons le faire’ ».
Commence alors l’aventure. Il rachète le Grand hôtel de Bamako mis en vente par l’État malien, construit l’hôtel Salam, avant de se lancer en 2004 au-delà des frontières maliennes, en rachetant l’hôtel Indépendance à Ouagadougou, au Burkina Faso. C’est le début de l’internationalisation. Au passage, son groupe adopte le nom d’Azalaï, qui signifie « caravane de sel ». Celui que l’on exploite toujours dans les mines de Taoudéni, en plein désert.
« Il y a des mineurs qui enlèvent les barres de sel, et des caravaniers qui viennent les chercher, les mettent sur le dos des dromadaires. Autrefois, vous aviez des centaines et des centaines de dromadaires qui traversaient ainsi le désert. Et arrivé à Tombouctou, c’était une grande fête. Dans mon enfance quand je passais mes vacances à Tombouctou, l’arrivée de l’Azalaï était une grande fête. »
En moins de vingt ans, le commerçant devenu hôtelier a bâti une chaine présente dans six pays et employant plus de six cent personnes. La pandémie de covid est venue freiner le développement, mais elle a poussé Mossadeck Bally à adapter son modèle. (…) Lire la suite sur RFI