Sébastien Bazin l’assure : il dort bien la nuit, malgré la sortie de son groupe du CAC 40 et un cours de Bourse qui fait d’Accor une proie potentielle. L’hôtellerie a été mise à terre par le Covid-19 et le nombre d’établissements fermés s’accroît chaque jour, particulièrement en Europe. Mais, nanti d’une montagne de liquidités, le premier hôtelier européen a les moyens de poursuivre son expansion en Asie-Pacifique et en Amérique du Nord, assure Sébastien Bazin au Monde.
Comprenez-vous les réticences du gouvernement à autoriser la réouverture des cafés et restaurants, auxquels l’hôtellerie est particulièrement liée, dès les fêtes de fin d’année ?
Il faut sortir de la dictature du risque sanitaire. Que le gouvernement arrête d’être dans la peur, la tête dans les chiffres, et accepte un caractère de risque plus élevé pour que l’économie reparte. Si on dit aux restaurateurs qu’ils rouvrent en février, on les tue. Quand je vois leur détresse, je me dis que le risque économique, social, personnel est tout aussi important que le risque sanitaire.
Vous-même avez annoncé un plan social concernant environ 1 200 personnes dans le monde, dans le cadre de mesures d’économies de 200 millions d’euros par an…
J’aurais fait exactement le même s’il n’y avait pas eu le Covid-19. Notre modèle économique avait bougé, pas notre organisation [en 2018, Accor a vendu les murs de ses hôtels pour se concentrer sur leur exploitation]. Il y avait sept niveaux de décisions entre moi et un directeur d’hôtel : je voulais passer à cinq. En enlevant la structure régionale, nous supprimons 18 % de notre personnel dans les sièges, soit 1 200 personnes. Cela fera entre 300 et 400 employés de moins en France.