Pôle majeur de l’économie française, le secteur du tourisme a subi de plein fouet la pandémie de Covid-19 et les restrictions de déplacement et contraintes d’ouverture des établissements que celle-ci a impliqué.
Si les professionnels ont été épaulés par le gouvernement à hauteur de 38 milliards d’euros au cours des vingt derniers mois, la crise sanitaire a souligné les principaux défis et faiblesses du secteur, appelé à innover et se réinventer pour se donner un nouveau cap dans les années à venir.
C’est dans ce cadre que le Premier ministre Jean Castex a présenté, ce samedi 20 novembre à Amboise (Indre-et-Loire), son plan d’investissement pour relancer l’activité touristique française. Avec pour objectif renforcer la place de l’Hexagone comme première destination touristique mondiale, et en faire « la première destination durable » d’ici 2030.
1,9 milliard d’euros
Doté d’une enveloppe de 1,9 milliard d’euros, ce plan, qui a fait l’objet d’une consultation avec les professionnels du secteur et les collectivités indique Matignon, est constitué en majorité de prêts.
Dans le détail, 750 millions d’euros prendront la forme de prêts tourisme, un outil de la banque publique Bpifrance, dédié aux PME et TPE du secteur touristique qui ont besoin d’investir pour se moderniser. 500 millions d’euros de prêt relance tourisme seront également proposés par le gouvernement : ces prêts de longue durée de la Banque des territoires sont destinés à accompagner des investissements importants d’entreprises ou de collectivités.
Enfin, autour de 650 millions d’euros prendront la forme de nouveaux crédits, parmi lesquels : des aides au départ en vacances pour les plus démunis, d’autres pour faire revenir les exposants dans les salons et foires, ou encore pour permettre de développer un tourisme responsable.
Difficultés d’investissement et manque de main d’oeuvre
Pour Benoit Chaudron, vice-président de l’Umih Corsica (Union des métiers et des industries de l’hôtellerie), ce plan est une « bonne nouvelle« , dans le sens où « l’Etat reconnaît de plus en plus que le tourisme est un poids très, très lourd de l’industrie française, en terme de PIB comme en terme d’emploi ; et que la période a été particulièrement compliquée pour l’ensemble des professionnels« .
Lui-même directeur général de l’établissement saisonnier Marina Viva, à Porticcio, et de l’hôtel Campo dell’Oro, à Ajaccio, il salue « une belle somme » avancée par le gouvernement, en s’arrêtant sur trois points « importants » qu’il juge manquants ou insuffisamment abordés.
Ce qu’il faut bien comprendre, c’est qu’au cours des derniers mois, nous avons emprunté non pas pour investir, mais pour continuer à vivre au quotidien.
Le premier, l’accompagnement de l’Etat dans le remboursement des prêts garants par l’Etat (PGE) contractés par les professionnels du secteur durant la crise. Une dette étalée sur une période de quatre ans actuellement, insuffisante selon Benoit Chaudron.
« On aimerait que cet étalement se fasse plutôt sur dix ans, pour permettre à chacun d’un peu respirer. Ce qu’il faut bien comprendre, c’est qu’au cours des derniers mois, nous avons emprunté non pas pour investir, mais pour continuer à vivre au quotidien. Il va donc falloir nous aider pour pouvoir continuer à rembourser sans nous empêcher de prochains investissements. »
Une solution jusqu’ici écartée par Bruno Le Maire. Le ministre de l’Economie, à défaut d’une « mesure universelle« , a néanmoins assuré la mise en place de mesures « au cas par cas« .
Second point soulevé par Benoit Chaudron, ensuite, booster l’attractivité du secteur, qui souffre d’un déficit conséquent de main d’oeuvre. Ainsi, pour ce mois de novembre, « nous avons un nombre important de CDI dans l’hôtellerie-restauration en Corse qui ne sont pas pourvus« , regrette l’élu au sein de l’Umih. « Nous manquons de bras en cuisine, en salle, en hébergement… et depuis plusieurs mois maintenant. »
Nous avons un nombre important de CDI dans l’hôtellerie-restauration en Corse qui ne sont pas pourvus.
Des professionnels qui pourraient être plus à même de rejoindre les rangs des établissements contre une paye plus généreuse. Pour ce faire, « il faudrait une baisse des charges salariales, qui permettrait une revalorisation des salaires sans que la moitié ne parte pour l’Etat« .
Autre aspect primordial pour l’Umih : le renforcement de la formation de futurs professionnels du secteur. « Il faut absolument que nous disposions d’un plan pour accompagner les jeunes en Corse, avec la création d’une école d’excellence, par exemple [il n’en existe à ce jour aucune en Corse, ndlr], qui nous permettrait de former à tous les niveaux, avec de bons moyens et de bons professeurs. »