mar 8 octobre 2024,
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USA | Après avoir enrichi la cuisine américaine, les chefs noirs réclament de « la visibilité »

Ils ont, par leurs talents, contribué dès l'esclavage à enrichir la cuisine américaine, sans en récolter les honneurs. Les chefs noirs, qui peinent toujours à se frayer un chemin jusqu'au firmament du milieu culinaire, espèrent finalement obtenir "la visibilité qu'ils méritent".

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Durablement transformée par l’esclavage, la cuisine américaine en porte encore les marques.
Certains plats emblématiques, comme le calorique « mac and cheese », ont été popularisés par des chefs esclaves. Et nombre d’ingrédients, comme les cacahuètes, le gombo ou la pastèque, ont été rapportés d’Afrique, explique l’historienne Kelley Deetz, auteure d’un livre sur le sujet.
« Des chefs esclaves cuisinaient dans les plantations des hommes les plus importants des Etats-Unis », comme les anciens présidents Thomas Jefferson ou George Washington, ce qui a fait connaître leurs recettes, dit-elle à l’AFP.
S’ils préparaient aussi des plats européens, « à partir du XIXème siècle on voit de la cuisine africaine décrite dans les livres de recettes », poursuit Kelley Deetz.

Kelley Deetz @credit Linkedin

Mais les noms des chefs esclaves, eux, n’y figurent pas. Les maîtresses de maison, blanches, « récoltaient tous les honneurs », raconte-t-elle, effaçant ainsi la place de leurs cuisiniers de l’histoire américaine.
« Il est temps de rendre à César ce qui appartient à César », dit-elle.
« Les chefs noirs ont aidé à modeler la nourriture américaine d’aujourd’hui, nous avons littéralement construit cet édifice, donc nous méritons notre place en pleine lumière », plaide Jerome Grant, chef du restaurant « Jackie » à Washington.

« Jamais assez bons »

Rares sont les visages afro-américains à s’être introduits dans le club très blanc des chefs ultra-célèbres, aux côtés de stars comme Anthony Bourdain, décédé en 2018, ou Thomas Keller.
Cela n’étonne pas Jerome Grant, qui regrette que les chefs noirs soient trop souvent « dédaignés », jugés « jamais assez bons pour diriger une cuisine ».
Né d’un père afro-américain et d’une mère philippine, il dit avoir subi du racisme dans le milieu de la cuisine, et s’être entendu dire qu’il était « plutôt bon pour un chef noir ».
Selon lui, les chefs afro-américains sont « mis dans une case », et on attend d’eux qu’ils se cantonnent à « un seul type de cuisine ». Lui ne revendique aucune limite à sa créativité même s’il veut aussi, par ses recettes, honorer ses racines et « raconter l’histoire des mains qui ont bâti l’Amérique ».
A la carte de son restaurant figure notamment un plat de queue de boeuf. Comme les abats, cette partie de l’animal jugée moins noble et délaissée par les Blancs était autrefois donnée aux esclaves, qui « en ont fait des plats extraordinaires », dit-il.
Le chef Grant considère que les cuisiniers afro-américains « commencent à avoir la visibilité qu’ils méritent », mais qu’ils devraient « en avoir encore plus ».
Pour que plus de chefs puissent, comme lui, faire connaître cette histoire, Erinn Tucker et Furard Tate ont fondé ensemble la « DMV Black Restaurant Week », qui promeut les restaurants tenus par des Afro-Américains autour de Washington.
« Nous devons apprendre aux jeunes Afro-Américains » qu’il « est possible de posséder un restaurant, qu’il est possible d’être chef », soutient Furard Tate, lui-même ancien restaurateur.

Furard Tate @credit Linkedin

Clichés

Selon Erinn Tucker, de nombreux clichés entourent encore la nourriture noire aux Etats-Unis, vue comme trop grasse ou cantonnée à certains mets tels que le poulet frit, traditionnellement « réservé à des occasions spéciales » mais dont les chaînes de fast-food se sont « emparées », généralisant ainsi sa consommation. (…) Lire la suite sur La Nouvelle République

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