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Algérie | Oran : Les hôtels de luxe subissent de plein fouet les conséquences de la Covid-19

La recrudescence de la pandémie ne permet pas pour le moment un retour à la normale, d’où peut-être cette déprime des dirigeants des hôtels, eux qui étaient auparavant enthousiastes à annoncer les nouveautés pour un meilleur développement du secteur.

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Dans aucun des trois hôtels haut standing d’Oran on n’a souhaité s’exprimer sur la situation qui prévaut dans ce genre d’établissements, eux aussi lourdement impactés par la pandémie.

Ils le sont pourtant peut-être plus qu’ailleurs avec les restrictions imposées aux frontières concernant la mobilité des personnes.

Le Méridien, le Sheraton ou le Royal sont en effet les mieux placés pour capter la clientèle venant de l’étranger car ils sont tous affiliés à de grands groupes internationaux, des labels qui les rendent mieux visibles avec, en contrepartie, certaines exigences en termes de qualité.

De manière générale, l’espoir d’un retour à une activité plus ou moins normale s’est vite éclipsé avec le reprise à la hausse du nombre de contaminations à la Covid, surtout à l’étranger, autant en Europe que chez les voisins directs, faisant ainsi s’éloigner la possibilité de réouverture des frontières. «Tout ce que je peux vous dire c’est que l’hôtel est ouvert.

Pour le reste, nous sommes touchés comme tout le monde mais, désolé, je ne peux répondre à aucune de vos questions», lance Ikram Abdi, responsable marketing au Méridien, et la sollicitation d’une entrevue avec le directeur n’aboutira pas. Le constat est pourtant évident et le manque d’activité est criant à la vue de cet immense hall d’entrée inhabituellement presque vide.

Construit dans les années 2000 en prévision de la tenue, en 2010 à Oran, de la rencontre internationale GNL16, l’hôtel qui est adossé au Centre des conventions, lui-même doté d’un immense hall d’expositions et d’un auditorium de 3000 places formant un même ensemble, répond bien à cette volonté d’attirer une clientèle spécifique en profitant des événements d’envergure qui allaient être organisés ici.

Le concept de tourisme d’affaire a été lancé à cette occasion et, en effet, les Salons organisés régulièrement depuis lors ont constitué autant de lieux d’échanges entre opérateurs algériens et étrangers et autant d’opportunités pour remplir les chambres de l’hôtel et même des autres. L’annulation de ce genre de rendez-vous pour cause de pandémie s’est aussi et forcément répercutée sur le taux de fréquentation de l’hôtel.

A propos d’agitation, l’hôtel tirait également profit de certains événements culturels (concerts de musique, projections occasionnelles de films à succès, etc.) qu’abritait l’auditorium. Un genre d’événements engendrant des flux massifs qui restent aujourd’hui encore, malgré le déconfinement partiel, prohibés à cause du risque élevé de contamination.

L’établissement étant situé lui aussi à l’intérieur du périmètre urbain donc accessible, avec en plus une vue imprenable sur la baie d’Oran à partir de la frange maritime est, il intéresse potentiellement une clientèle locale qui, pour ceux qui ont les moyens, le fréquente assez régulièrement.

Il en est de même pour le Sheraton, le premier de cette catégorie à être réalisé à Oran. Il a ouvert au milieu des années 2000 et, pour mettre en avant ce cachet international, on se souvient qu’il a abrité en 2007 la grande réception et la soirée d’ouverture de la toute première édition du Festival du film arabe, organisées en grandes pompes.

Aujourd’hui, conséquence de la pandémie, l’hôtel est loin de fonctionner au mieux de ses capacités. Là aussi on voit bien que les clients ne se bousculent pas à la réception.

La cafétéria, qui occupe une grande partie du hall d’entrée, est désespérément vide. «Je ne peux rien vous communiquer sans l’aval de la direction, mais voici ma carte de visite avec mes coordonnées, faites-nous une demande qui montre que vous êtes bien d’El Watan (genre boîte mail professionnelle) et on verra si on peut répondre à vos questions», lance Samira Zitouni, adjointe et directrice commerciale de l’établissement.

Il n’y aura pas de suite, même si là également on est confronté à la même situation, une baisse de fréquentation évidente.

Là aussi, on est bien reçu, mais il est apparemment hors de question de communiquer quoique ce soit, même si l’idée n’était pas de révéler des chiffres, etc. La part de la clientèle venant de l’étranger est sans doute aussi non négligeable, même si l’hôtel ne vivait pas que de cela.

L’établissement abritait régulièrement de grandes rencontres scientifiques, notamment des congrès médicaux avec des participants et des invités venant de plusieurs coins du monde et d’Algérie, mais il était également connu pour organiser de manière régulière (et ce n’est pas négligeable) des banquets et cérémonies de mariage.

Sa situation privilégiée sur la frange maritime est et sa proximité avec le centre-ville sont propices à l’organisation de ce genre d’événements, aujourd’hui également interdits, toujours à cause du risque de contamination, les fêtes étant propices aux rapprochements et au non-respect de la distanciation sociale.

De toutes les façons, le respect strict du protocole sanitaire est certes une exigence externe du fait que ces établissements sont contrôlés par les autorités, mais c’est aussi une exigence interne car il en va de leur réputation qui dépasse les frontières.

Ces deux structures hôtelières sont passées sous la coupe de la chaîne internationale américaine Mariott, réputée privilégier le luxe et qui est présente dans une centaine de pays. Ce label est désormais bien visible car apposé sur un mur du côté de la réception du Sheraton.

Politique commerciale

Situé en plein cœur de la ville, l’hôtel Royal est affilié à un tout autre groupe, le français Accord avec le label MGallery, qui le fait distinguer en tant qu’établissement ayant un certain cachet propre. L’hôtel n’échappe pas non plus aux conséquences désastreuses de la pandémie sur sa santé financière.

Là aussi, aucun cadre de la direction n’a souhaité s’exprimer sur le sujet mais étant ouvert, on sent bien là également, comme c’est le cas pour les autres établissements, cette atmosphère inhabituelle liée à la rareté des clients par rapport à la période d’avant la pandémie.

Le Royal est le plus historique des trois hôtel et, alors que sa construction remonte à 1920, ce palace a été remis au goût du jour grâce à une rénovation complète, un investissement lourd consenti par son propriétaire, Mehri, vers la même période du milieu des années 2000, tout en gardant sa décoration de meubles ou d’effets anciens et sa collection de copies de tableaux du peintre Etienne (devenu Nasredine) Dinet qui le caractérisent.

Sa réputation est ancienne et ce n’est pas un hasard si c’est cet établissement qui a accueilli en 1997, en plein décennie noire, la star libanaise Magda El Roumi qui venait symboliquement rompre l’isolement du pays à l’international en acceptant de donner une série de concerts en Algérie, dont l’un au Palais des sports d’Oran.

La rénovation a permis à l’hôtel de se hisser de manière effective à un niveau supérieur, un vrai grand palace de classe internationale. A l’occasion de grands événements, les organisateurs réservent généralement ses chambres ou ses suites aux participants ou aux invités VIP.

Mais de manière générale, pour faire la jonction entre les clients de l’hôtel et la clientèle venant de l’extérieur, pour les services annexes, comme la restauration, sa direction initiait régulièrement des semaines gastronomiques (initiative suspendue) mettant à l’honneur des spécialités à découvrir provenant de plusieurs pays, avec la présence, pour les cérémonies de lancement, des ambassadeurs des pays concernés, tels que la France, la Tunisie, le Maroc, La Grèce, le Liban, La Turquie, L’Egypte, etc.

La création d’événements pour ce genre d’établissements fait partie de leur politique commerciale, mais cette année, l’un des événements organisés régulièrement depuis longtemps ne pourra, pour la première fois, pas avoir lieu, il s’agit de la soirée et la fête célébrant le Nouvel An.

En attendant, les restaurants sont ouverts mais parmi les restrictions imposées et visiblement respectées scrupuleusement, pas de self-service, comme on peut le constater sur place dans la partie réservée habituellement à cet effet, à côté du restaurant gastronomique.

Les regroupements pour les séminaires, par exemple, seraient également limités avec un nombre ne devant pas dépasser la dizaine de personnes. C’est approximativement le nombre de personnes qui participaient, lors de notre visite, à un regroupement organisé par un célèbre laboratoire pharmaceutique.

De manière générale, cette baisse d’activité dans ces hôtels luxueux se répercute aussi sur l’emploi. Ici et là, on apprend que, après une période de fermeture qui a déjà duré assez longtemps, il n’était pas possible, vu la situation, de rappeler tout le monde à son poste. Parmi ceux qui ont la chance de retrouver leur emploi, certains se seraient contentés d’un travail à mi-temps.

Mais pour gérer la crise, l’effort, en plus de celui consenti par l’Etat, viendrait aussi des cadres qui auraient accepté de sacrifier un ou deux mois de salaires pour contribuer à surmonter un tant soit peu les difficultés.

La recrudescence de la pandémie ne permet pas pour le moment un retour à la normale, d’où peut-être cette déprime des dirigeants de ces hôtels refusant de s’exprimer, car devant s’interroger sur l’avenir, eux qui étaient auparavant enthousiastes à annoncer les nouveautés pour un meilleur développement du secteur. 

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