Place de la Canourgue, à Montpellier (Hérault), l’hôtel Richer de Belleval a retrouvé de son éclat. Construite sur les fondations d’une ancienne demeure de chanoines, la bâtisse a accueilli la mairie, entre 1816 et 1975, puis les Prud’hommes, jusqu’en 2010. Depuis, l’immeuble était vide. Jusqu’à ce que les frères Pourcel, génies de la cuisine, soient tentés d’y installer leur nouveau projet haut de gamme.
Quatre ans de travaux plus tard, leur hôtel 5 étoiles, le seul de la ville, a ouvert ses portes dans ce bâtiment du XVIIe siècle, classé aux monuments historiques. Et leur restaurant, le Jardin des sens, fermé depuis 2016, y a trouvé une seconde vie. « C’est une nouvelle histoire qui s’écrit », se réjouit Jacques Pourcel. Mais, quand le projet a été imaginé, ce n’était pas gagné. « Lorsque nous sommes arrivés, c’était dans un état épouvantable, tout tombait partout », confie Thierry Aznar, le président de la société de promotion immobilière Hélénis, qui a investi 18 millions d’euros avec le groupe Pourcel, dans ce projet hors-norme. « Ça paraissait fou, mais on y est arrivé », reprend-il.
« Le temps s’est arrêté »
Aujourd’hui, c’est un écrin luxueux, où se mêlent architecture d’antan et modernité. Tout a été rénové par Philippe Prost, star de la restauration du patrimoine. Mais des vestiges ont été conservés, notamment des fresques ou des cheminées d’époque. Au milieu d’œuvres, elles, tout à fait contemporaines. Dans le bar à cocktails, décoré comme un cabinet de curiosités, la Marianne est toujours là. Car c’est ici que l’on mariait les Montpelliérains, il y a une quarantaine d’années. Comme pour donner l’illusion que dans cet édifice, « le temps s’est arrêté », confie Christian Collot, le décorateur et directeur artistique de l’hôtel. Dans chaque pièce, dans chaque chambre, l’univers proposé par ce véritable « metteur en scène », assure Jacques Pourcel, est différent.
« C’est la sensation que je voulais absolument procurer, un véritable ascenseur émotionnel, explique Christian Collot. Dans certains palaces, lorsque vous avez visité la réception, vous avez déjà compris la direction artistique du lieu. J’ai voulu choquer, bouleverser ces codes, pour que le client ne se lasse jamais de cet endroit. »