« Ils ont pas pensé à toutes les personnes qui n’ont plus de travail. Ils ont pas pensé comme ça. C’est comme si on prenait un papier qu’on chiffonne qu’on jette à la poubelle tu vois ». Une année que ce sentiment habite Anna. Licenciée économique d’un hôtel où elle a travaillé durant 20 ans.
Sa générosité, elle ne l’a pas perdue, bien au contraire. Elle aide bénévolement sa maman à tenir un parking. Mais avec un loyer de 60 000 cfp à payer chaque mois et un enfant de 2 ans à charge, Anna FOLITUU s’inquiète chaque jour pour son avenir. « Ils n’ont pas pensé à toutes les personnes qui ont des enfants. Ils n’ont pas pensé à toutes les personnes qui ont des crédits. Ils n’ont pas pensé à toutes les personnes qui ont beaucoup de choses à payer tous les mois. Surtout qu’avec la crise qu’on a en ce moment c’est pas facile de trouver du travail. C’est pas facile », dit amèrement cette ex-employée de restauration.
Angélique en témoigne. Elle qui a travaillé près de 7 ans avec Anna. Elle perd son CDI en octobre 2020. S’ensuit dès lors une longue attente, où elle dépose de nombreux CV, avec toujours la même réponse : pas d’embauche de salarié.
Alors en février, elle prend une patente. Elle décroche finalement des extras comme femme de ménage dans des pensions de famille. Mais aujourd’hui, elle gagne 2 fois moins qu’avant. « J’ai fait un prêt, et là j’ai un loyer à payer et j’ai 4 enfants à nourrir… Mentalement c’est dur, par rapport à ce que j’ai eu à l’Intercontinental. Enfin, ça a été un cauchemar pour moi », souligne Angélique TUAHU, elle aussi ex-employée de restauration.
Pêcher pour se nourrir, Igino l’a appris sur son île natale à Mangareva. En 1987, il est embauché dans un hôtel de Moorea. De plongeur en cuisine, il finira par devenir chef pâtissier en 2000.
Il consacre 32 ans de sa vie à sa carrière, quand l’annonce du licenciement tombe. A cela s’ajoutent des soucis de santé. « Mon médecin il m’a dit, tu ne peux plus travailler, t’as un problème de santé grave. Alors il a fait tout son possible pour que je puisse avoir ma retraite ». Cette retraite, « ça m’a sauvé un peu…que je puisse vivre dignement », assure Igino TEAGAI, ancien chef pâtissier.
Avec sa femme Eloïse, ils ont consacré leur vie à cet hôtel.
Elle était femme de ménage pendant 30 ans. A la retraite, elle gagne désormais 110 000 cfp par mois. Heureusement, leur maison leur appartient. Mais le coût de la vie est tellement cher qu’ils ont d’autres projets pour l’avenir. « On va se préparer aussi pour rentrer chez moi à Tupuai. Peut-être l’année prochaine. Pour y vivre. Et ici on va laisser pour les enfants », dit-elle. (…) Lire la suite sur La 1ère Polynésie