Métropolitain : une remarque, tout d’abord, avant de démarrer cette interview : quel bonheur de se retrouver ainsi, en terrasse, pour partager un petit-déjeuner ! Ça semblait si lointain tout ça…
Emmanuel Blanchemanche : Je ne vous le fais pas dire. Même si, pour être tout à fait exact, nous n’avons jamais vraiment cessé de fonctionner pendant tout cet épisode. Nos restaurants étaient fermés, certes, mais nous avons continué d’accueillir des voyageurs et nos cuisines sont restées ouvertes pour préparer les repas en chambre et composer certaines de nos nouveautés, comme le drive pour les menus signature pendant les fêtes livrés à domicile et les paniers pique-nique. Maintenant, il est évident que la réouverture des terrasses et, en ce moment, celle du restaurant tout entier, est une bouffée d’oxygène. Pour nous, comme pour nos clients d’ailleurs, même si nous étions pendant quelques mois le seul Relais et Châteaux ouvert en France. On retrouve un peu du goût de la vie d’avant.
(Sourire) Oui. D’ailleurs, j’en profite pour vous annoncer que le restaurant gastronomique porte désormais le doux nom de « Marcelle ». Il s’agit, avant que vous ne me posiez la question, du prénom de la grand-mère de Pierre Mestre, propriétaire des lieux. Nous tenions à lui rendre hommage et à offrir à cette Maison, déjà très personnelle, un supplément d’âme encore plus fort. En plus, ça sonne bien, Marcelle, c’est très français. Ça évoque la France authentique, celle qui fait venir ici une clientèle internationale amoureuse de notre culture et de notre art de vivre.
« J’en profite pour vous annoncer que le restaurant gastronomique porte désormais le doux nom de « Marcelle ». Il s’agit, avant que vous ne me posiez la question, du prénom de la grand-mère de Pierre Mestre, propriétaire des lieux ».
A quoi ressemble la clientèle du Domaine de Verchant, justement ?
Nous sommes normalement sur une clientèle essentiellement domestique, ce qui signifie que nous accueillons à 70% des voyageurs hexagonaux et 30% des clients étrangers, essentiellement en provenance du Benelux, Royaume-Uni et Suisse. Les conditions sanitaires et les restrictions aux frontières changeront peut-être un peu la donne cet été, mais il est encore trop tôt pour le dire.
Vous entendez par là que vous n’avez pas de vue précise sur la saison estivale ?
Effectivement. Mais ce n’est pas nouveau. Cela fait plusieurs années déjà que le monde de l’hôtellerie-restauration a dû s’adapter aux nouveaux modes de consommation. Nous sommes maintenant dans l’ère de l’instantané. C’est fini le temps où on réservait trois, quatre mois à l’avance, son séjour. Maintenant, on travaille à la semaine, à la journée, à la minute parfois ! C’est un beau challenge et l’opportunité d’innover car on doit bien sûr toujours être en capacité de répondre à la demande. Dans la mesure de nos capacités bien sûr.
C’est la raison pour laquelle vous prévoyez de vous agrandir.
Oui. Nous disposons actuellement de 26 chambres et suites mais notre objectif à court terme, j’entends par là horizon 2023, est de doubler notre capacité d’hébergement pour offrir des suites encore plus exclusives et exceptionnelles et être désormais en mesure d’accueillir des séminaires résidentiels. Nous disposons de l’offre de restauration, d’un spa de 2000m2, de plusieurs espaces réceptifs… Mais, le nombre de chambres ne nous permet pas d’accueillir des événements professionnels de plus grande ampleur. Cela ne sera plus le cas grâce à l’extension que nous envisageons. Mais, on en reparlera en temps voulu.
Votre vous adressez à une clientèle 5 étoiles, tout en étant installé dans une région… qui ne l’est pas forcément.
Il est vrai que d’une certaine façon, Montpellier, l’Hérault, et plus largement le territoire de ce qu’on appelait encore il y a peu le « Languedoc-Roussillon » se trouve en dehors des radars des clientèles aisées internationales. Elles descendent à Paris ou sur la Côte d’Azur. Mais les choses changent, vraiment, et on assiste à une montée en gamme de l’offre touristique. Il y a encore 10 ans (2010), nous étions le seul établissement 5* de toute la région. Aujourd’hui, on est plusieurs, mais on nous compte encore sur les doigts de la main. Et c’est dommage car la concurrence crée la destination ! Peut-on d’ailleurs parler de concurrence… Chaque établissement attire une clientèle qui lui est propre.
L’Hôtel des frères Costes, par exemple, à Palavas-les-Flots. Ou Richer de Belleval, dans l’Écusson montpelliérain…
Des 5* eux aussi, avec de très belles prestations, mais des univers diamétralement opposés au nôtre. L’un cible une clientèle littorale, l’autre des voyageurs plus urbains. Nous nous adressons tous les trois à une clientèle avec le même pouvoir d’achat à la quête d’expériences différentes et complémentaires !
Que vient-on trouver ici ?
Le calme, la verdure, l’authenticité de l’arrière-pays, qui est tout proche. Des vieilles pierres aussi, avec ce domaine séculaire, sa cave et son parc classé. Il y a aussi cette notion de patrimoine naturel vivant avec toutes ces vignes qui nous entourent et qui gorgent notre identité. Nous figurons d’ailleurs sur la Route des vins. C’est un signe absolu de reconnaissance du caractère singulier de Verchant.
Vous oubliez d’évoquer les soirées.
J’allais y venir. Les soirées reprennent effectivement à La Plage, mais dans un format plus exclusif et convivial encore. Du côté de Marcelle, nous venons aussi d’inaugurer les Mardis Musicaux, qui sont des soirées jazz ou baroques face à notre grand parc, où on pourra se retrouver entre amis, autour d’un menu délicieux concocté par notre nouveau Chef Executif Mathieu Gourreau, en présence d’artistes locaux. On va remettre un peu de chaleur humaine au cœur de l’été et donner tout son sens à notre hashtag #verchantbonheur. Parlez-en autour de vous, l’été, ça se passe chez nous.
Vous défendez un luxe « accessible ».
Je défends surtout une vision, celle d’une maison ouverte aux Montpelliérains. Nous affichons des menus déjeuner à partir de 38€, nos cocktails ne sont pas plus chers qu’en plage privée, notre carte du Spa permet de s’offrir de temps en temps un moment de détente avec un rapport qualité prix incomparable… Je le dis et le redis : les grilles du Domaine restent ouvertes. Ce n’est pas une cage dorée, c’est une maison ouverte sur le monde, pour ceux qui apprécient conjuguer chic, décontraction et élégance (…) Article complet sur Actu.fr