Un flegme très british qui dissimule un caractère bien trempé. On l’aime aussi pour ça Jean-Claude Lavorel. Et quand il s’agit de tailler un costard au Premier Ministre, « le Pinay des années 2020 », il le fait avec le sourire. En revanche, la décision d’Emmanuel Macron de ne pas autoriser l’ouverture des remontées mécaniques avant le 20 janvier 2021 ne l’a pas fait rire du tout.
Dès le lendemain de la déclaration du Président de la République, les standards de ses hôtels de montagne ont été pris d’assaut… « Le président parle, et ça entraine une cascade d’annulations ! » résume l’homme d’affaires à la tête de trois hôtels à Courchevel : le Chabichou racheté en octobre 2018, les Suites de la Potinière et sa dernière acquisition qu’il devait étrenner cet hiver : le Grand Hôtel de Courchevel (ex Grand Hôtel des Pistes, photo ci-dessus).
« C’est un truc de fou ! »
Réuni au siège du groupe à Lyon, au cœur de la cité internationale, en compagnie de son fils Stanislas, DG du groupe et de Charline Besse, sa DGA, il a planché sur les conséquences des annonces présidentielles. La réunion n’a pas duré des heures… « On s’est vite mis d’accord sur le fait qu’il était impossible d’ouvrir nos hôtels sans restauration. »
Et de développer son argumentaire frappé au coin du bon sens : « Nos clients ne vont pas venir passer une semaine ou 15 jours à Courchevel sans après-ski et sans restaurants. Cela signifierait qu’après une balade ou un peu de shopping dans le village, ils reviennent dans leur chambre d’hôtel sans pouvoir aller à la piscine et y restent enfermés jusqu’au lendemain matin ! »
Second écueil, la restauration in situ : « Il est impossible d’organiser un room service de qualité dans toutes les chambres et quasiment en même temps, que ce soit pour le petit-déjeuner, le déjeuner ou le dîner ! Il nous faudrait une armée de serveurs ! D’autre part, notre clientèle n’est pas du genre routard. Elle ne va pas partir en randonnée avec un sac à dos rempli de sandwiches… »
Fataliste, Jean-Claude Lavorel attend de voir arriver les indemnités promises par le gouvernement, soit 20% du chiffre d’affaires de 2019. « Il y aura certainement un plafond ! (100 000 euros, selon nos dernières informations, ndlr) et reste préoccupé par la situation financière de la centaine de saisonniers qui devaient travailler dans les hôtels du groupe cette saison. « Nous serons néanmoins prêts pour le 20 janvier si cette date est confirmée » conclut-il.