La dernière fois que le gouvernement avait donné une estimation de la date de réouverture des restaurants, c’était en novembre 2020. On pariait alors en haut lieu qu’ils pourraient rouvrir courant janvier 2021. Il s’est vite avéré que la situation sanitaire ne le permettrait pas, et depuis, c’était le silence radio. Jusqu’à mercredi soir, lorsque Emmanuel Macron a fixé un nouvel horizon : à partir de la mi-mai, du moins pour les terrasses, en jauge réduite. Progressivement, les restaurants pourraient à nouveau accueillir du public, d’abord sur les espaces extérieurs (terrasses) uniquement, avec un protocole strict de distanciation (espace minimum entre les tables, nombre de convives limité, menus dématérialisés…), puis en jauge réduite à l’intérieur, avant d’espérer une réouverture totale, normale.
«On n’y croit pas trop, confie Edouard Beaufils, qui tient avec Jessica Cogoni le restaurant Bec, à Paradou (Bouches-du-Rhône). Depuis la fermeture, fin octobre, on a entendu tout et son contraire. Depuis janvier, on entend des dates circuler mais on ne sait pas d’où elles viennent. Vu le contexte, la mi-mai, ça ne me semble pas réalisable, donc on ne s’accroche pas à cette date.» A Paris (Ile-de-France), Gabrielle Beck, cheffe de Tintamarre (XIXe) a d’abord été, à l’annonce du reconfinement, «très perturbée. Je me suis demandé : qu’est-ce que je vais faire ? Est-ce qu’on s’enfuit de Paris – ce qui est la tentation de tous les Parisiens qui ont des enfants, je pense ? Est-ce que j’ai encore de l’énergie pour continuer au resto ? Le risque si je fermais trop longtemps, c’était de galérer à la reprise, la vente à emporter ayant beaucoup évolué depuis un an.» «Je ne suis pas scientifique, je ne sais pas comment évolue le virus, mais par rapport à l’année dernière, les courbes ont l’air un peu mieux, estime-t-elle. On a ouvert l’an dernier à peu près à la mi-mai, donc pourquoi pas… Sauf si tous ces variants, toutes ces évolutions, ne sont pas gérés par les autorités.»
«Ça va être complexe de rouvrir»
Chloé Monchalin, à la tête des restaurants Filakia et du Grand café d’Athènes, est, elle, «un peu sceptique, parce qu’à chaque fois qu’une date est annoncée, en chômage partiel, lâcher leur appart et en retrouver un sur place, sans date d’embauche. Déjà que la plupart des saisonniers n’ont pas pu faire sa saison d’hiver…»
«Pour nous c’est compliqué mais pour les saisonniers, les fournisseurs, les maraîchers, les vignerons, les boulangers… qui travaillent en fonction de leurs clients professionnels, tout est chamboulé aussi depuis un an. On ne se plaint pas, même si on trouve le temps long», dit-il encore. Gabrielle Beck, elle, a renoncé se projeter : «Je continue ma vente à emporter et on verra bien. Si les terrasses rouvrent, on est équipés pour, je mise vraiment dessus. Je m’adapterai. On l’a déjà tellement fait depuis un an (…) Lire la suite sur Libération